Quitter la nuit est un film belge réalisé par Delphine Girard. Etant moi-même un habitant du plat pays, voici 2 éléments qui m'intéressent d'amblée. Le film est réalisé par une femme, c'est encore assez rare donc cela peut amener une proposition singulière, et il promet de mettre en scène des décors qui me sont familiers (et pour ça j'ai été bin servi). De plus, la bande annonce m'annonçait un thriller téléphonique haletant, à la "The Guilty" de Gustav Moller (2018).

Les premières 20 minutes répondent à mes attentes, une femme est au téléphone avec une policière et semble être en danger et ne pas pouvoir communiquer. Aidé par une mise en scène qui masque les individus, on est dans l'incompréhension de ce qu'il se passe, la tension monte, on se cramponne à son siège, c'est jusque là très réussi.

Quel dommage que la suite du film ne parvient pas à garder ce niveau d'intensité. Après cette ouverture, le sujet change, on s'intéresse à la suite de cette femme, de son potentiel agresseur et de la policière qu'elle a eu au téléphone. On passe d'un thriller haletant à un drame intimiste beaucoup plus lent.

Alors je suis pas contre l'idée, pourquoi pas, mais le film souffre clairement d'un problème de rythme par la suite. Force est de constater que mon intérêt pour le métrage ne sera jamais aussi élevé que lors de la scène du téléphone.

Pour autant, les sujets du film (la zone grise du consentement, le viol, l'interprétation ambiguë,...) sont intéressant et sont traités avec pas mal de finesse et de nuances par moment, mais tout ça est assez inégal. Certaines scènes sortent du lot (notamment celles avec Gringe que j'ai été étonné de retrouver là), d'autres sont clairement en dessous et desservent le film (par exemple, le scène de danse à laquelle je n'ai clairement pas cru).

Les performances des 3 protagonistes sont vraiment très bonnes, toutes trois sont pleines de nuances et de profondeur. Le personnage principal est tantôt drôle et séductrice, tantôt complètement perdue et dépressive. On ressent toute la souffrance de l'homme, sans jamais en être empathique. Le fois rôle de la policière dégage beaucoup d'émotion et de compassion, sans être beaucoup montré à l'écran et sans dire grand chose.

Bref, Quitter la nuit est un film qui n'est pas dénué d'intérêts, mais qui souffre de l'inégalité de son rythme et de la puissance de ses scènes.

Loeil-de-Lynx
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le 23 févr. 2024

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