8 ans ont été nécessaires à Mareike Engelhardt pour que son projet, Rabia, voit le jour et soit proposé à un public qui va prendre le choc de plein fouet. Pendant des années, la réalisatrice a rencontré des filles revenues de Raqqa, en Syrie, et accumulé les témoignages. Le film n'est pas un documentaire mais se veut au plus proche de la réalité de cette "maison" qui a accueilli des jeunes filles venues du monde entier, embrigadées, et destinées à devenir des épouses de djihadistes. Le tout sous la gouvernance d'une "Madame", maîtresse constitutive des couples appelés à devenir parents d'une nouvelle génération de combattants. Ce sera à chaque spectateur de se faire sa propre religion, si l'on ose dire, du cheminement de ces jeunes occidentales, à l'image de Jessica, l'héroïne française de Rabia. Un parcours qui laisse pantois et presque incrédule, imposant de nombreuses questions auxquelles il est impossible de répondre. Rabia est moins violent physiquement que psychologiquement mais il vaut mieux s'y préparer en amont pour ne pas trop accuser le coup. La mise en scène de Mareike Engelhardt est quant à elle d'une grande justesse, sans excès aucun. Le film est rendu plus puissant encore avec les interprétations de Meghan Northam et de Lubna Azabal, complètement investies.