Raboliot, que ce soit le roman de Genevoix ou le film de Jacques Daroy dont il est très proche, c'est d'abord l'histoire d'un homme qui, "survivant" de la 1ère guerre mondiale, bien que père de famille aimant et aimé, n'a plus qu'un seul désir, celui d'exister et de vivre libre.
Sa liberté, il la trouve dans les bois à travers le braconnage. Bien entendu, ce n'est pas du goût des garde-chasses et du chatelain avec lesquels Raboliot va entrer en conflit. Conflit qui deviendra de la haine entre deux hommes.
Je ne sais pas trop si le genre existe, mais je dirais que c'est un film de terroir. Le braconnage est chose usuelle au fin fond de cette Sologne giboyeuse et le contournement de la loi, un sport que tout le monde y compris les gendarmes (sauf l'autorité du chatelain…) considère comme péché véniel. S'en suivent de bonnes parties de rigolade au café ou dans les bois lorsque ces braconniers parviennent à s'échapper et racontent leurs exploits. Et on se prend à rêver à cette vie champêtre et rude où on se contente de vivre et où la maxime pourrait être "on n'est pas payé cher mais qu'est-ce qu'on rigole".
L'image du film en noir et blanc est très belle et met bien en valeur les paysages, les bois et les étangs.
Julien Bertheau joue le rôle de Raboliot et montre bien la dualité qui habite le personnage déchiré entre la vie sage auprès de sa femme et de ses deux petits "drôles" et la vie libre dans les bois avec son chien et les copains braconniers.
Blanchette Brunoy joue le rôle de l'épouse, sage, un tantinet soumise, mais complice et solidaire de Raboliot.
Lise Delamare, amie de Raboliot et épouse de Vollat, autre braconnier concurrent de Raboliot mais qui travaille pour le régisseur du chatelain. C'est accessoirement, une "chaude" comme on dit dans le pays… Elle est le négatif de Blanchette Brunoy. C'est surtout une femme libre.
Et puis aussi Marcel Pérès, que tout le monde connait (sans peut-être connaître son nom) tant on l'a si souvent vu dans des rôles de paysan matois ou bien de geôlier ou encore d'inspecteur de police mal dégrossi.
Un film, comme le roman, qu'il est difficile d'oublier tant le personnage de Raboliot est fascinant et rappelle un peu, finalement, les lapins qu'il sait si bien prendre au piège ...