Polar oublié, tourné dans l’Angleterre de la fin des années 70, The Long Good Friday qu’on a rebaptisé chez nous Racket puis Le vendredi rouge puis Du sang sur la tamise (C’est dire combien le film fit un four) est un honnête produit du genre, lorgnant dans sa forme autant du côté de Siegel (Notamment A bout portant, Charley Varrick) que de De Palma (Scarface) et annonçant un peu avant lui (Le film sort en 1979 à Londres) une certaine ambiance/plasticité de la décennie à venir, dont le genre trouvera son apogée grâce à Friedkin et To live and die in LA.


 Bob Hoskins joue ici un parrain local, qui a la mainmise sur toutes les institutions de Londres et entreprend des discussions avec les américains pour transformer les docks en immense territoire de jeu et Londres en capitale européenne. Rien que ça. C’est sans compter sur une mystérieuse alliance criminelle, qui en parallèle et contre lui, multiplie, le même jour, les attentats à la bombe (Sur sa Rolls, dans son casino, son restaurant) et les meurtres de certains de ses hommes de main.
Si la mise en scène se laisse parfois aller à des facilités un peu grossières, aussi bien dans certains plans suggestifs que dans le jeu caricatural de certains acteurs, le film brille essentiellement par son récit, livrant trous et tiroirs scénaristiques avec une aisance narrative hallucinante, calée sur le personnage campé par Bob Hoskins qui comprend bientôt qu’il ne s’agit pas d’une simple guerre des gangs mais qu’il doit faire face à une menace plus dangereuse, fanatique et invulnérable, causée par un fâcheux démêlé à Belfast qui aura existé hors-champ, avant le film, quand il était en voyage aux Etats-Unis.
Du sang sur la tamise remonte brillamment jusqu’aux faits et plonge ses personnages dans un tragique dont ils ne se relèveront pas. Si la fin est brillante – Mais je garde une grosse réserve sur Hoskins, qui me parait un poil trop extravagant dans l’ensemble – c’est surtout son ouverture qui marque : Successions de saynètes, de lieux, de personnages, de valise pleine de frics, de crime, en silence ou en cri, sans apparents liens entre eux, qui rappellent forcément l’ouverture de Sorcerer, le chef d’œuvre de William Friedkin.
John MacKenzie filme superbement les docks désaffectés de Londres et Hélène Mirren campe bien son personnage de femme d’affaires plus réfléchie que son homme. Elle m’a beaucoup rappelé Jessica Chastain, dans A most violent year, dans sa façon de le jouer. Mais tout le film m’a un peu fait penser à celui de J.C.Chandor, en fait, même s’il s’avère moins puissant et parfois bancal dans certains partis pris – Musicaux notamment. A noter une brève et première apparition de Pierce Brosnan, en membre de l’IRA, aussi beau que flippant, sorte de James Bond avant l’heure, versant puceau.
JanosValuska
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le 15 mars 2017

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