D'après une séries noire d'Auguste le Breton, Pierre Chenal réalise un polar mené tambour battant et qui est, dans son genre, un modèle de concision.
Le sujet, où le Quai des Orfèvres et en particulier l'inspecteur Vardier (Piccoli) veulent mettre la main sur le dangereux gangster surnommé le Fondu (Vanel), est tout à fait commun. On croise aussi des stéréotypes, que ce soit dans la pègre ou à la brigade criminelle. Et pourtant.
Pourtant, le film se révèle beaucoup plus intéressant que prévu par sa mise scène et son montage efficaces et sans fioriture, par ses dialogues justes et par son interprétation supérieure à bien des polars de son époque et de ce style.
Surtout, ce qui fait la différence, ce sont les personnages, qui sont d'une sobriété exemplaire. Au premier rang, Michel Piccoli compose un flic ambivalent, dragueur et peloteur, dont on verra que ce n'est pas le moindre défaut à travers une contingence scénaristique surprenante. Vanel est un truand tout en rigueur et Mouloudji incarne une fébrile petite frappe de Montmartre. Il n'est pas jusqu'aux personnages féminins, généralement dévalués et dédaignés dans ce genre policier, qui ne soit pareillement réussis dans la simplicité.
Sans en rajouter, et avec un minimum de temps, Pierre Chenal parvient à construire des personnages qui tiennent la route dans un registre de cinéma qui déborde souvent de caricatures.