Lettre ouverte
Papy, J'aurais tant aimé voir ce film en ta compagnie. Voir De Niro, exposant son art, évoluer dans le monde de la boxe, ce monde d'hommes misogynes au possible où la virilité est de mise. Observer...
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le 25 mai 2013
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Ce qui m'a toujours impressionné chez lui Scorsese, c'est sa constance dans sa sincérité et l'authenticité de ses films, se joignant comme des pays pour un vaste univers ressemblant énormément au notre, mais avec le Cinéma comme boussole. On sait que, quoi qu'on pense du film, ce sera forcément une mise en scène magistral et un scénario qui regarde plus loin que son nombril. Il a su garder sa jeunesse, sa fidélité envers le monde incorrect des truands en tout genre qu'il affectionne tant, et c'est ce qui a fait qu'il a réalisé "le loup de Wall Street" avec une énergie rarissime en ces temps malgré son âge. La patte Scorsese est une gageure de bonne qualité, et surtout d'aucune mauvaise surprise (parfois même hélas un peu prévisible): des dialogues à la truelle bourrés de mots grossiers et ultra-classe, le défaut d'un personnage qui serviras à de nombreuses péripéties (ici, la jalousie de Jake LaMotta), une voix-off franche, des beautés fatales toutes vouées à la séparation, des personnages souffre-douleurs pour des personnes qui souffrent sans cesse au fond d'eux... Du cinéma coup de poing, viril, et Grand.
Ici, "Raging Bull" pouvait pourtant faire exception dans sa sincérité, puisque le sujet ne l'emballait pas plus que ça. Alors, il a griffé sur le script avec sa patte. Au final, le film parle beaucoup moins de boxe (qu'il n'a pas pu s'empêcher de comparer au monde mafieux) que de tortures psychologiques: Jake LaMotta ne sait pas vivre sans chercher à tout dominer par la violence, son frère est contaminé par ses manières tout en cherchant à rester de l'autre côté, sa femme qui a la beauté mélancolique des paumées... Au milieu d'eux, le feu de l'excès qui embrase le cadre. La tension est palpable, et pourtant elle n'éclate réellement que de temps en temps, et même pas sur le ring: la plus grande violence du film réside dans le privé ! La vie est-elle un ring elle-même ? Là est la question réellement posée par le film. Le scénario n'est pas un biopic pour moi, ou alors pas du tout dans le sens où l'on entend. On peux tous être Jake LaMotta, ce film ne le met jamais en valeur. D'ailleurs, sans ce film, on l'aurait tous oublié. Mais l'histoire de sa vie est une belle parabole de notre condition humaine face au monde qui nous entoure: se battre jusqu'à être battu. Toujours se montrer le plus fort pour ne pas vouloir se faire bouffer. Et ne jamais voir que c'est la Vie qui nous rattrape, avec son cortège de regrets. C'est ça qui conduira Jake à finir obèse (je vais pas revenir sur la transformation de De Niro, on a déjà tout dit là-dessus), humoriste minable, et enfin en prison (scène inoubliable d'intensité lorsqu'il se retrouve en cellule). Le sens de la vie peut se résumer à ça: "You're fuck my wife ?".
En étant au plus proche de ses personnages, surtout pour les scènes de boxe, Scorsese fait de nouveau une superbe démonstration de sa compétence; Le noir et blanc resitue le film à son époque, comme pour rappeler son intemporalité. De Niro et Pesci portent le film de bout en bout, fidèles destriers de la carrière du réalisateur. Et, malgré que le film soit un peu long, malgré le manque de "diversité" dans les situations que provoquent Jake et la précipitation pour la toute-dernière partie, le plaisir reste intact jusqu'au bout, avec notre persuasion que nous assistons à un très grand film. Avec son gant rouge, le film nous met un beau coup de poing au cœur.
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le 19 avr. 2017
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