En haut des poids moyen

Raging Bull s'ouvre sur un ralenti, avec un Robert De Niro seul trépignant dans la fumée des flashs et la sueur du ring. Cette scène semble résumer à elle seule l'histoire de Jake La Motta, la fureur, l’intensité et la solitude. La manière de traiter les thèmes a un peu vieilli mais la cinématographie reste incroyable, avec des scènes de ring filmées en corps à corps, un noir et blanc très travaillé et un éclairage magnifique. On retient notamment la scène où Sugar Ray retient son souffle avant de prendre l’ascendant sur son rival, ou encore la scène de prison. L’alchimie et la complicité entre De Niro et Pesci sont palpables et enrichissent de sens l’intrigue, en particulier face à deux protagonistes qui ne savent exprimer leur sentiment autrement que dans la violence et la mise à distance de l’autre.

Il est peut-être un peu dommage que Scorsese réduise l'environnement de ses personnages à cet aspect viscéral mais relativement en surface, ce qui se sent dans la durée avec une répétition sans toujours de progression. Le film dresse le portrait d'un homme violent, qu'on pourrait même qualifier d'ordure, mais manque d'une distance un peu plus critique sur un environnement socioculturel. Non pas pour excuser la violence mais en tout cas pour la mettre dans un contexte plus large et systémique, ce que le réalisateur réussira davantage par la suite comme dans Les Affranchis.

Raging Bull le reste donc pour moi un film fort, beau et viscéral mais comme avec des pièces de puzzle manquantes.