Charlie Babbitt,jeune marchand d'automobiles au bord de la faillite,apprend le décès de son père avec qui il était fâché et qu'il n'avait pas vu depuis belle lurette.En tant que fils unique il pense hériter de l'immense fortune familiale mais il découvre que tout revient à un frère aîné autiste dont il ignorait l'existence.Il décide alors d'enlever son frangin dans l'institut spécialisé où il vit et de l'emmener chez lui dans l'espoir de récupérer l'argent qu'il convoite.Barry Levinson a fait beaucoup de films moyens mais il a aussi eu des éclairs inspirés comme avec cette adaptation d'un excellent scénario de Barry Morrow et Ronald Bass.Sa réalisation,vive et enlevée,emballe sans faiblir ce road movie fraternel plein de surprises.Ce qui apparait progressivement est que le but à atteindre n'est pas la destination du voyage ni les étapes du chemin mais l'aventure humaine de deux frères qui se découvrent et l'apprentissage de la vie par Charlie,personnage détestable au départ qui va au contact de Raymond apprendre la patience,la tolérance et l'amour.Le gars est à la base un connard XXL,beau gosse,beau parleur,escroc sur les bords,il est guidé par l'égoïsme et la cupidité et n'envisage ce parent bizarre que comme une tirelire à vider.Pourtant,étrangement,il va prendre conscience du vide de son existence,saisir pourquoi il se comporte ainsi et réaliser que Ray lui apporte quelque chose de plus précieux que du fric.Par conséquent,même si c'est le "crétin savant" qui fait le spectacle dans ce film,le protagoniste pivot,celui qui évolue,est bien Charlie,son frangin ne pouvant par définition guère changer.Portés par la tonique partition de Hans Zimmer,la mise en scène et le scénario accomplissent un petit miracle d'équilibre en alternant parfaitement les moments d'humour,d'émotion et de tragique.Les réactions inattendues d'un Raymond totalement inadapté à la vie sociale sont férocement drôles et ses capacités intellectuelles surnaturelles,la fameuse mémoire eidétique,impulsent des développements passionnants.Quant à Charlie,qui croyait pouvoir contrôler la situation,il passe par des phases d'énervement,puis de résignation,avant de finir par comprendre et accepter la maladie de ce frère si particulier.Le périple s'éternise au fil des phobies et de l'emploi du temps ritualisé de Raymond,entre repas immuables,irruptions chez des inconnus pour ne pas rater un show télévisé et comptage de cartes à Vegas,cité dont Levinson racontera la genèse trois ans plus tard dans "Bugsy".Le duo d'acteurs est au sommet et interagit brillamment,avec une évidente prime à Dustin Hoffman qui hérite du rôle payant de l'autiste et s'y révèle prodigieux.C'est un festival qu'il nous offre,sans excès,tout en maîtrise de la gestuelle,du phrasé,de la façon de marcher et de bouger,des expressions faciales butées et des crises de panique.Face à lui Tom Cruise ne démérite pas et campe énergiquement un type paumé qui va se trouver de manière imprévue.Il est juste dommage qu'on lui ait collé la voix de Patrick Poivey en VF,trop vieille pour lui et qui donne l'inconfortable impression d'entendre parler John McClane tant le doubleur français est identifié à Willis.L'italienne Valeria Golino est très jolie et son personnage sympathique mais on la voit peu et son jeu ne sonne pas vraiment juste.