Raiponce
6.9
Raiponce

Long-métrage d'animation de Byron Howard et Nathan Greno (2010)

L'émancipation passe toujours par une coupe de cheveux

Bizarre. Lorsque le film est sorti, je me souviens qu'on m'avait parlé d'une parodie des vieux Disney plus qu'une tentative de faire pareil. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Certes, la princesse fait preuve d'humour, ce qui est rare, mais clairement ça reste un sujet très sérieux et jamais on ne tente de rire de ce genre de films puisqu'il en épouse toutes les règles. Ou alors je confonds et l'approche parodique dont on m'a parlé est pour un autre film?


Toujours est-il que j'ai enfin regardé ce métrage d'animation. Il y a de bonnes choses. Mais il y a aussi de mauvaises choses. Le scénario, tout d'abord, aurait pu être un peu plus creusé. Ça manque de situations vraiment originales qui marquent réellement. Critiquons également la facilité avec laquelle les personnages se sortent de l'embarras systématiquement. Au point d'anéantir toutes les règles de l'apesanteur, ce qui créée des problèmes de vraisemblances et permet même au spectateur de se questionner sur l'importance des conflits : si nos héros peuvent sauter de 20 mètres de haut sans une égratignure, qu'est-ce qui pourra réellement les blesser ?


Sur la fin, j'ai quand même cru que les auteurs avaient fait preuve de génie grâce à un jusqu'au-boutisme déroutant et cruel. Malheureusement, ils reviennent très vite baissant l'échine et offrant un happy ending pas nécessaire du tout. A quand le retour du conte cruel ?


Ce qui m'a déçu aussi, outre les gags drôles une fois sur deux (ceux du cheval Maximus sont les meilleurs), c'est le point de vue abordé. Les auteurs auraient facilement pu dévier et offrir quelque chose d'unique. Tout d'abord, ils auraient pu prendre le point de vue du voleur. Ce personnage est plus riche et rencontre bien plus de conflits que la princesse (plutôt casse c*uille). Autre possibilité si l'on reste accroché à la princesse : jouer sur le désenchantement. Elle s'imagine un monde féerique en dehors de sa tour d'ivoire, alors pourquoi pas, plutôt que de lui donner ce monde (car c'est exactement ça, elle découvre un monde réellement niais et merveilleux), l'envoyer dans une réalité sordide (non dépourvue d'humour). Là j'aurais bien voulu parler de parodie. Et je pense que ça aurait été plus fort. Mais ce n'est que mon petit point de vue. Et il est certain qu'une telle idée n'aurait pas été très rentable.


Graphiquement, j'ai été assez épaté par la qualité du jeu de lumière. Toute l'esthétique repose là dessus. Si bien que les textures présentent peu d'intérêt, pareil pour le design des personnages assez pauvre ou encore les décors froids et immobiles.


Ne parlons pas des chansons d'assez mauvaise qualité. Autrefois, les compositeurs ne cherchaient pas à être à la mode, ils offraient une musique intemporelle. Aujourd'hui, les producteurs veulent être dans le coup, donc ils font en sorte que l'étiquette 'film d'aujourd'hui' se ressente. C'est dommage car il est certain que dans 20 ans, les gamins ne se prendront pas de ces vieux tubes ringards. Alors qu'une BO de "Bambi" ravira toujours. Mais bon, c'est là un signe que nous sommes dans une époque de consommation où l'on veut tout maintenant, et tant pis pour demain, on avisera.


Bref, "Raiponce" a du potentiel, assez pour être remaké de manières totalement différentes ; malheureusement les auteurs ont décidé de ne pas trop prendre de risque et d'offrir un objet bien de son époque, et tant pis si demain on ne s'en souviendra plus.

Fatpooper
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le 22 févr. 2014

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