Raiponce
6.9
Raiponce

Long-métrage d'animation de Byron Howard et Nathan Greno (2010)

Alors qu’il fuit la garde royale après un vol commis au château, Flynn Rider se réfugie dans une vieille tour cachée et isolée qu’il a découvert par hasard. Il y fait la rencontre d’une jeune fille, Raiponce, qui vit là, recluse depuis 18 ans. En effet, ses longs cheveux ayant un pouvoir de jouvence et de guérison, la mère de la jeune fille, Gothel, la garde ici à l’abri du monde extérieur afin de profiter seule de ses pouvoirs. Mais Raiponce ne rêve que d’une chose : découvrir le monde extérieur. Et Flynn Rider lui paraît le guide tout indiqué pour lui montrer enfin le royaume du dehors. Mais Gothel n’a pas l’intention de laisser Raiponce emporter son pouvoir loin d’elle…


Raiponce repose sur les épaules d’un homme : Glen Keane. Animateur dont le talent n’est plus à démontrer, ayant apporté une pierre angulaire au Troisième Âge d’or des studios Disney, Keane devait à l’origine réaliser le film. Une attaque cardiaque l’en ayant empêché et transmettant la réalisation aux non moins talentueux Byron Howard et Nathan Greno, il restera néanmoins superviseur de l’animation. Défenseur de l’animation traditionnelle, ce sont les producteurs qui lui imposeront d’en faire un film utilisant l’imagerie de synthèse, ce que Keane finira par accepter à la suite d’un séminaire organisé avec plus de 50 animateurs Disney pour peser les pour et les contre de chacune des deux techniques d’animation.
Ce qui fera la force de Keane, c’est qu’au lieu de considérer la synthèse comme une rupture, il l’envisage comme une prolongation de l’animation traditionnelle. Dans son esprit, la 3D doit conserver l’esthétique propre à l’animation 2D, tout en lui apportant de la profondeur, il ira même jusqu’à expliquer qu’au lieu que l’artiste se fasse dicter son style visuel par les limites de la technologie, pour lui, « l’ordinateur doit plier le genou face à l’artiste ». Ainsi, le travail acharné de Glen Keane et de l’animateur CGI Kyle Strawitz permettra d’aboutir à un compromis entre la synthèse et la 2D absolument remarquable. Il faut dire que l’inspiration revendiquée par les animateurs de Raiponce est celle de Fragonard et de son impressionnant tableau Les Hasards heureux de l’escarpolette, dont Keane et ses animateurs chercheront à retrouver le style romantique et exubérant. Et quand on voit Raiponce, on peut dire une chose : ils y sont parvenus.
Ayant considérablement fait avancer la technologie pour les besoins du film, les animateurs Disney ont réussi à restituer toute la délicatesse du peintre français dans des images qui se caractérisent par un hallucinant soin du détail. Faisant de chaque plan du film une véritable œuvre d’art baroque, ils s’appuient sur des graphismes d’une beauté qu’on avait rarement vue, même chez Disney. Des personnages, savamment déformés pour conserver les proportions en adoptant un visuel légèrement cartoonesque, aux décors d’une densité et d’une beauté véritablement remarquables, tout est un enchantement pour les yeux, dans Raiponce. Mais cela ne serait rien si le reste du film ne suivait pas.
Or, tout ici tient debout avec une impressionnante cohérence. Déjà scénariste sur l’excellent Volt, star malgré lui, Dan Fogelman nous offre à nouveau un scénario fignolé jusque dans ses moindres détails, inspiré des frères Grimm, refusant à tout prix la péripétie gratuite, chaque scène ayant quelque chose à apporter au film (voir la scène de l’auberge, pas si gratuite qu’elle en a l’air, puisqu’elle permet d’introduire les brigands qui auront un rôle à jouer plus tard dans le film, lors de la libération de Flynn). Le récit est même d’autant plus appréciable qu’il s’appuie sur des personnages tous assez développés pour que l’on s’y intéresse pleinement, ce qui donne du sens à toutes leurs actions.
Si l’on pourra regretter que la méchante n’ait pas plus d’envergure, l’enchaînement des péripéties est si bien dramatisé qu’il compense cela à merveille, en instillant dans le script un parfum tragique tout-à-fait bienvenu dans un dernier tiers absolument parfait, où l’humour n’écrase jamais le drame. L’alchimie entre ces derniers est d’ailleurs sans nul doute une des principales forces de Raiponce, tant le mélange entre un humour permanent et hilarant et un drame haletant fonctionne. Si une morale légèrement douteuse sur l’accomplissement des rêves et le destin vient couronner un récit qui n’en avait nul besoin, elle n’entache en rien un Disney qui renoue pour le mieux avec le classicisme intemporel des studios, et ce jusque dans une bande-originale (signée Alan Menken) aux chansons plus sympathiques les unes que les autres.
Et si Raiponce s’avérera un des films les plus chers de la carrière du studio, et même de l’histoire de l’animation, les efforts de Disney seront récompensés au vu du succès que le film connaîtra et de la place à part qu’il occupe dans le cœur du public. Une place amplement méritée, qui rappelle que les recettes qui marchent le mieux sont souvent les plus simples et les plus classiques...

Tonto
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le 10 sept. 2018

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Tonto

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