Quand Deniro revient à la réalisation, on peut être content qu'il ait gardé ses manies des années 80, avec une mise en scène posée, et une intrigue ficelée ; ça change du panoramique cinématographique actuel. Hélas, vu l'âge du bonhomme et l'ambition de ce projet, j'ai tendance à penser qu'il s'agira là de son tout dernier film qu'il met en scène. Ceci dit, je n'ai fait aucune vérification de ce que j'avance là, je pourrai donc être surpris d'apprendre qu'il a réalisé des épisodes de série ou je ne sais quel téléfilm obscur...
Raisons d'état est un film sur la CIA qui a beaucoup fait parler de lui. Pour les raisons citées plus haut, pour son sujet, pour le retour de Joe Pesci sur grand écran outre atlantique. Beaucoup de raisons de bander, c'est un fait! La narration se veut donc complexe par le nombre important de sous intrigues. C'est à la fois la richesse et le talon d'achille du film. Car trop de sous intrigue tend à rendre l'ensemble un peu flou. Ce qui renforce le sujet, mais perd également le spectateur qui pourra s'endormir si justement le sujet ne l'intéresse pas. Cette longueur aurait pu être évitée, DeNiro aurait pu faire l'impasse sur certaines intrigues, être un peu plus concis. Sinon je trouve le ton assez juste, les dialogues bien écrits, et les personnages intriguants.
Mettre en scène pareil scénario ne devait pas être simple car il fallait gérer plusieurs trames en même temps, et permettre au spectateur de ne pas se perdre au milieu de cette foule d'informations et de personnages. DeNiro s'en tire plutôt bien. Et cette fameuse mise en scène posée n'y est pas étrangère. En effet, il suffit de placer les pièces de ce jeu d'échec avec calme, de bien les agiter et de les singulariser, ce que l'acteur/réalisateur fait brillament. Le casting est alléchant. Damon convainc et je pense que sa performance d'homme tranquille est plus pertinent que l'éternel survolté que DiCaprio aurait joué s'il n'avait pas quitté le projet (j'aime ses performances, je précise).
Bref, The Good Shepherd n'a que sa longueur et sa complexité contre lui ; à part ça, il s'agit là d'un film bien cousu, classe, ambitieux sans être arrogant. Rien de révolutionnaire, rien de neuf, mais ça fait plaisir de voir un film aussi fidèlement old school.
PS: ben merde alors! 1) je pensais qu'il avait fait plus qu'un film avant celui-ci et 2) non seulement il va faire un nouveau film, mais en plus... c'est la suite de celui ci! The Good Shepherd 2!!! En même temps il y a tellement à dire sur la CIA. Reste à savoir s'il ne va pas tourner en rond avec ses personnages. L'idéal serait qu'il prenne le point de vue d'un autre personnage important.