Comme le disait Édouard Baer, la vie c’est d’abord des rencontres. Comme lorsque Ramona, jeune femme aspirant à une carrière d’actrice, accoste Bruno dans un café la veille d’une audition qui pourrait tout changer. Entre les deux Madrilènes, le courant passe immédiatement, au point qu’au bout d’une après-midi de complicité nouvelle, Bruno déclare avec aplomb sa flamme à Ramona, sans savoir que celle-ci partage sa vie avec un autre homme. Après avoir repoussé sèchement l’homme présomptueux, la jeune actrice déboussolée se rend à son audition pour découvrir que le réalisateur n’est autre que Bruno, alors prêt à lui offrir le rôle sans réfléchir, convaincu que leur histoire d’amour est inévitable. Avec douceur, le film d’Andrea Bagney alterne entre le noir et blanc et la couleur, découpage net entre la vie et le cinéma que Ramona et Bruno ne semblent plus capables de séparer et qui va bouleverser les certitudes de la jeune femme. La simplicité du procédé enrobe chaque scène et chaque émotion d’une facticité palpable, témoin de la déconnexion du réel du triangle amoureux. Malgré une lenteur quelque peu suffisante et un dispositif qui prévient toute surprise, la légèreté de Lourdes Hernández suffit à faire planer une subtile atmosphère de tendresse, tant envers le cinéma que les rencontres impromptues que l’on peut faire. Qui nous rappelle qu’il n’est pas si curieux que les hasards forgent une destinée.