Cette fois-ci, Kurosawa doit le financement du film grace à la France et en particulier un homme, Serge Silberman. Un budget encore plus élévé que Kagemusha lui fut alloué. Ce qui permit la contruction des décors tailles réells ainsi que de tous les accessoires. Le tournage fut éprouvant pour Kurosawa alors agé de 75 ans. Sa vision baissa grandement au début des prises de vues et Il perdit sa femme pendant le tournage. Il ne partit qu'une journée pour l'enterrement. sans compter les entempéries. 8 mois fut nécessaire pour faire le film. Un total de 2 ans si on prend en compte la confection de tous les costumes faits main. Toutefois il eu l'aide de son ami Ishiro Honda (le papa de Godzilla)
Le film est l'adaptation très libre du Roi Lear de William Shakespeare. Et le maitre excelle dans ses adaptations-ci (Le chateau de l'araignée et les salauds dorment en paix. Deux chefs d'oeuvre). A l'époque, Kurosawa désignait Barberousse comme son film somme. Et d'une certaine manière, il avait raison car en plus de ses quelques thèmes de prédilection, il utilisait pour la dernière fois le noir et blanc en le sublimant. Mais Ran l'est encore plus.
Déjà dans ses thémes, Le film fait écho et même miroir avec "Vivre" (Un vieux fonctionnaire inactif veut avant de mourir faire une bonne action: construire un parc dans un quartier). Même si dans Ran, il n'y a rien d'optimiste, Le personnage au crépuscule de sa vie se remettant en question, faisant un bilan de sa vie est bien là. On peut aussi le rapprocher avec "Vivre dans la peur" (un vieux industriel veut émigrer au brésil de peur d'un holocauste nucléaire). Le personnage du vieil industriel devenant fou en voyant que tout pourrait lui échapper. Dans Ran, tout lui échappe, il en devient fou. "l'ange ivre" et "Barberousse" pour l'idée de transmission, de maitre à éléve ou de père au fils. "Le chateau de l'araignée" pour l'ambition et la manipulation. Kurosawa retrouve cette ambiguité propre à son cinéma. Rien n'est ce qu'il semble être.
Ensuite dans sa mise scène, Ran est à associer directement à Kagemusha dans l'utilisation des couleurs (Kurosawa dira que c'était son essai pour Ran), . "Le chateau de l'araignée" pour le théatre de Nô, Barberousse pour la reconstitution détaillée du japon féodal. Kurosawa a toujours ce soucis du détail et cette capacité a créée des plans très picturaux et mémorables.
Pour finir, il y a bien évidemment le personnage non loin de la fin de sa vie qui ne démontre pas forcément de sagesse, interprété brillamment encore une fois par Tatsuya Nakadaï. Mais aussi le personnage féminin fort qu'on peut aussi voir dans une de ses oeuvres du début "je ne regrette rien de ma jeunesse". Une femme qui défie la domination masculine. Ainsi que l'épouse du personnage de Toshiro Mifune manipulatrice dans "le chateau de l'araignée". Mieko Harada est absolument extraordinaire dans ce role. Les personnages des fils sont presque une synthèse de tous ses films sur l'ambition et la trahison.
Kurosawa a encore frappé fort avec cette oeuvre fleuve de 2h40. Encore un chef d'oeuvre.
L'age n'estompe pas le talent /20