Commençant laborieusement, « Rancho Bravo » a au moins le mérite de s'améliorer (un peu) sur la durée. J'avoue qu'au début je restais plus que dubitatif devant cette histoire de taureau sans cornes à emmener chez son nouveau propriétaire, platement réalisée et à l'humour peu convaincant. Non pas que le film devienne grandiose par la suite, mais il n'est pas interdit parfois d'être touché par le destin de ce Vindicator (le nom du taureau, ça ne s'invente pas!), d'autant que je ne rechigne pas, de temps en temps, à voir un western sans la moindre trace d'indien et quasiment sans fusillades. Après, cela a aussi ses travers : l'œuvre n'est pas très spectaculaire, et Andrew V. McLaglen exploite très moyennement les décors. Mais on y gagne en réalisme, notamment concernant l'importance de l'élevage et ses conditions à l'époque, sans oublier des personnages ayant plus de profondeur. On pense notamment à Sam Burnett, dont l'évolution tout au long du récit est intéressante, ainsi qu'à ces deux héroïnes séduisantes à bien des égards. Il faut dire que Maureen O'Hara et Juliet Mills sont toutes deux superbes, apportant beaucoup d'élégance à un récit manquant par ailleurs de suspense... Inégal donc et gêné par plusieurs défauts (à noter l'une des amourettes les moins intéressantes de l'Histoire du cinéma), mais un western presque atypique et plutôt crédible, à défaut d'être passionnant.