Rappelez-vous ceci: un blockbuster qui foire est (souvent) un bon film.
Rango n'est pas qu'un film d'animation: il oscille entre une variété non exhaustive de genres, et c'est ce qui fait sa richesse. Le film s'articule sur un double discours, l'un étant destiné aux enfants, et l'autre s'adressant directement aux adultes. Le western y est évoqué, puisque l'action se déroule en plein désert, et certains personnages font écho aux oeuvres de Sergio Leone. Mais l'humour innocent (voir enfantin) du héros s'éloigne des conventions solennelles du western. Et cette innocence a pour but de dépeindre une situation tragique, commune à bien des pays, véritable fléau : la sécheresse. Derrière cette réalité à laquelle les animaux d'une bourgade se trouvent confrontés, se cache pourtant une autre vérité (bien plus tragique hélas): celle de son aspect politique. Excellente critique qui décrit sous les traits naïfs des petits animaux du désert une démarche universelle, qui n'épargne aucune contrée de ce monde: l'art de la manipulation, ou comment faire croire au peuple que tout va mal alors qu'il n'en est rien. Alors imaginez ce qui arrive lorsqu'un innocent lézard, adoubé "shérif" pour divertir les petites gens pendant qu'on les dépouille, découvre la vérité. La force véritable de ce film est qu'il ne sert pas une morale sur un plateau d'argent, mais il le distille dans une mise en scène à couper le souffle, sans artifice à la mode (3D), le tout dans un cadre esthétique absolument impeccable. Le réalisateur de The Ring ou Pirates des Caraïbes a signé ici son véritable chef-d'oeuvre cinématographique.
Non, Rango n'est pas qu'un film d'animation. C'est aussi et surtout une formidable parabole animalière sur la société moderne et ses travers, qui offre une formidable réflexion sur le vice humain. Une fable contemporaine en somme.