Très sincèrement, je n'aime pas me sentir ulcéré au décours d'un film par le jeu des acteurs, mais cela m'arrive de plus en plus lorsque je vois des films français avec ces actrices mono-expressives dont la profonde mélancolie paralyse toute activité faciale, rendant toujours une scène d'emportement aussi crédible qu'une phrase intelligente du député Christian Vanneste.
Ce film, qui est un véritable supplice à qui aime le cinéma, avait pourtant un potentiel fort, ce que Lucas Belvaux, le réalisateur, n'a pas réussi à saisir. L'histoire est celle, tragique, d'un PDG d'un grand groupe français qui se fait kidnapper en échange d'une rançon de 50 millions d'euros. Cet homme que tout le monde appelle "Président" (mais qui à part des employés et collaborateurs pourrait appeler "Président" un PDG du privé ?!) menait un train de vie un peu flamboyant, avec divers écarts, que ce soit des dettes de jeu ou des maîtresses dans sa garçonnière, sur lesquelles sa femme fermait les yeux.
Tout cela remonte dans la presse à l'occasion de son enlèvement, et très vite l'effarement laisse place à une profonde gêne. La famille n'a que 20 millions et n'est pas solvable pour les 30 autres réclamés, l'Entreprise refuse de payer la rançon, le gouvernement doit faire bonne figure et condamner le mode de vie dispendieux d'un de ses grands patrons à l'heure de la crise financière.
Presque abandonné de tous, il passera deux mois en détention avant d'être libéré, amaigri, plus affaibli que jamais. A son retour, il ne trouvera que du jugement, de la colère, et des demandes d'explications. Lui qui était la victime. Chassé de son entreprise, repoussé par sa femme, méprisé par ses enfants, malmené par un juge, il a presque tout perdu, mais doit encore payer le prix de sa liberté.
Sur le papier, le scénario serait exploitable pour un vrai thriller psychologique, l'histoire d'un homme qui a tout perdu, qui doit se reconstruire, un homme meurtri et abandonné par ceux pour qui il se battait. Dans la réalité, le film est une farce : les acteurs jouent sur ce ton monotone qu'on retrouve dans les pièces de théâtre classique mal jouées, sans émotion, mécanique, qui peine à insuffler une quelconque once de souffrance ou de drame humain dans ce film dont c'est pourtant le sujet principal.
Anne Consigny peut envisager une reconversion, tout comme les deux inconnues qui interprètent les filles du couple (dont manifestement l'une des deux est autiste, puisqu'elle ne parle jamais). Seul Yvan Attal -qui a toujours ses trois mimiques- arrive à faire passer un peu de colère, un peu d'humanité dans ce film qui manque cruellement de profondeur, mais peut-être pour la seule performance d'avoir perdu 20 kilos pour le film. Désolé, mais c'est raté.