Ils ont les yeux revolver..
Trois personnages se retrouvent coincés par la tempête dans les ruines d'un monastère. Moment privilégié pour que l'un d'eux, remarquant le traumatisme flagrant de ses compagnons d'infortune, s'enquiert de la cause de leur tourment. Le récit, ou plutôt les récits qui s'ensuivent vont les ramener au coeur d'un drame centré sur la barbarie des hommes.
Rashomon, il faut s'accrocher, car ce n'est pas ce que j'appellerai un film facile. Le temps de comprendre de quoi il en retourne, que les choses se mettent en place, on peut avoir tendance à décrocher. Mais les courageux seront bien vite récompensés au delà de leurs espérances (ce fut mon cas).
Scénaristiquement mais surtout ésthétiquement parlant, c'est une grosse claque de bout en bout.
Quatre histoires, quatre regards, et tout le film est vraiment axé là dessus, les regards. Quelle puissance, quelle force dans ces yeux!! Colère, effarement, tristesse, rage, dégoût, toutes les émotions sont catalysées dans ces regards qui transpercent les personnages et le spectateur. Les caméras elles-mêmes s'articulent autour de ces lignes, voire se confondent avec les yeux pour enfouir le spectateur dans le personnage. Kurosawa réussit ici une ambiance immersive impressionnante.
A coté de ça il y a aussi la pureté de l'image, sans artifices mais tellement prenante. Je me permets ce léger spoil, vu que de toute façon Wikipédia l'a déjà fait avant moi (cf le synopsis ci-dessus..), mais la séquence du rituel m'a fait froid dans le dos. Je rajoute également toutes les scènes de jungle, qui sont très bien gérées. D'ailleurs, je serai curieux d'avoir plus de détails sur le Making-of, parce qu'il a dû en chier du taboulé pour tourner tout ça.
Je pensais pouvoir m'étendre plus, mais mes idées s'envolent et j'ai visiblement j'ai déjà fait le tour de ce que je voulais dire. Il semblerait d'après ce que je lis sur le film, qu'il ait été une révolution. Je ne me mouille pas trop, mais ça ne m'étonne pas.
Edit : je ne mets jamais 10 à un film, aucun film n'étant selon moi parfait. Mais la perfection ne réside pas forcément dans la perfection. Et ce film-ci, après réflexion, je pense qu'il mérite bien son 10.