Tu vois la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et non la poutre qui est dans le tien?
Rashomon est une œuvre bien trop universelle et maîtrisée pour en parler de façon exhaustive sans être expert.
Les prises de vues sont toujours, TOUJOURS parfaites. Le moment où le bûcheron marche dans la forêt avant de découvrir le corps est filmé de façon époustouflante. On se dit que ouah, ça ne fait même pas 10 minutes que le film et on en prend plein les yeux. La maîtrise technique n'est cependant pas "accablante" et on ressent la légèreté de la ballade forestière par ce temps clément, le soleil jouant entre les feuilles -idée qui sera reprise par la suite- contrastant complétement avec les torrents qui s’abattent sur nos trois personnages initiaux.
Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Les plans fixes montrant deux ou trois personnages sont d'un délice rare pour les yeux.
En plus de ces prises de vues parfaites, le système "puzzle" adopté par Kurosawa est également maîtrisé à la perfection. Aucun incertitude, aucune incohérence. La structure linéaire est abandonnée pour mieux amplifier le côté policier du propos. On ne compte plus les films qui ont repris cette technique.
Concernant le fond, car c'est là que l’œuvre est réellement sublime, Kurosawa parvient en moins d'une heure et demie à nous peindre un chef d’œuvre. L'humain est dessiné tel qu'il est: menteur, poltron, traître. En un mot: égoïste.
S'il faut retenir deux choses de Rashomon: le combat au sabre héroïque et épique entre Tajomaru et Tashehiro racontée par le bûcheron, et la joie de ce dernier avec le bébé dans les bras et le soleil qui revient à la fin.