Rashômon est un magnifique film noir et blanc, avec en particulier de beaux plans de la lumière du soleil filtrant à travers les feuillages de la forêt. Il est accompagné par une version japonisée du boléro de Ravel. Rashômon met en scène le récit à plusieurs voix d’un viol, mais surtout de la mort d’un homme. Car c’est bien à partir de ce qui s’est passé après le viol que les récits divergent fortement.
Le récit des événements se déroule en deux lieux différents :
- sous un porche où trois personnages se sont réfugiés en attendant que la pluie torrentielle cesse : un prêtre, un bûcheron, un roturier.
- au cours du procès où les témoins défilent. Si nous assistons au procès nous ne voyons cependant jamais le juge, car le juge est le spectateur. Les divers témoins parlent face à la caméra. Le spectateur – juge lui, sait simplement, au départ, qu’un homme est mort. La sentence finale n’est pas prononcée, libre au spectateur de la prononcer lui-même s’il en est capable !
L’histoire nous est donc racontée encore et encore. Pourtant ici, nous ne sommes pas devant un récit des mêmes événements ressentis et interprétés différemment comme c’est le cas dans le film The Last Duel sorti il y a quelques mois. Mais nous sommes face à un récit qui raconte des versions des faits, très différentes les unes des autres, ce qui implique forcément le mensonge des uns et des autres.
Au delà de l’histoire elle-même, c’est une vision de l’homme qui est abordée. Et cette vision est sombre. Les hommes sont présentés comme menteurs et égoïstes. C’est le point de vue du roturier présent sous le porche. Tandis que le prêtre refuse d’adhérer à cette vision. La scène qui conclut le film donnera raison au prêtre en apportant une note d’espoir sur la bonté possible de l’homme.