Rashômon est un magnifique film noir et blanc, avec en particulier de beaux plans de la lumière du soleil filtrant à travers les feuillages de la forêt. Il est accompagné par une version japonisée du boléro de Ravel. Rashômon met en scène le récit à plusieurs voix d’un viol, mais surtout de la mort d’un homme. Car c’est bien à partir de ce qui s’est passé après le viol que les récits divergent fortement.


Le récit des événements se déroule en deux lieux différents :
- sous un porche où trois personnages se sont réfugiés en attendant que la pluie torrentielle cesse : un prêtre, un bûcheron, un roturier.
- au cours du procès où les témoins défilent. Si nous assistons au procès nous ne voyons cependant jamais le juge, car le juge est le spectateur. Les divers témoins parlent face à la caméra. Le spectateur – juge lui, sait simplement, au départ, qu’un homme est mort. La sentence finale n’est pas prononcée, libre au spectateur de la prononcer lui-même s’il en est capable !


L’histoire nous est donc racontée encore et encore. Pourtant ici, nous ne sommes pas devant un récit des mêmes événements ressentis et interprétés différemment comme c’est le cas dans le film The Last Duel sorti il y a quelques mois. Mais nous sommes face à un récit qui raconte des versions des faits, très différentes les unes des autres, ce qui implique forcément le mensonge des uns et des autres.


Au delà de l’histoire elle-même, c’est une vision de l’homme qui est abordée. Et cette vision est sombre. Les hommes sont présentés comme menteurs et égoïstes. C’est le point de vue du roturier présent sous le porche. Tandis que le prêtre refuse d’adhérer à cette vision. La scène qui conclut le film donnera raison au prêtre en apportant une note d’espoir sur la bonté possible de l’homme.

Créée

le 6 janv. 2022

Critique lue 77 fois

13 j'aime

6 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 77 fois

13
6

D'autres avis sur Rashōmon

Rashōmon
Chaiev
8

Mensonges d'une nuit d'été

Curieusement, ça n'a jamais été la coexistence de toutes ces versions différentes d'un même crime qui m'a toujours frappé dans Rashomon (finalement beaucoup moins troublante que les ambiguïtés des...

le 24 janv. 2011

287 j'aime

24

Rashōmon
Sergent_Pepper
9

Autopsie des pleutres

Pour ouvrir la folie vertigineuse des récits qui va constituer son œuvre, Rashōmon pose en premier lieu l’espace du récit encadrant : une porte délabrée, démesurée à l’échelle humaine, d’une beauté...

le 22 mars 2014

167 j'aime

21

Rashōmon
Kalian
10

Critique de Rashōmon par Kalian

Ne me sentant pas les capacités de faire une critique exhaustive du film, je vais simplement lister quelques unes des raisons pour lesquelles je l'aime particulièrement : Parce que l'ambiance qui...

le 15 oct. 2010

73 j'aime

4

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

63 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
abscondita
9

"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...

le 30 juin 2024

52 j'aime

14

Le Dictateur
abscondita
10

Critique de Le Dictateur par abscondita

Chaplin a été très vite conscient du danger représenté par Hitler et l’idéologie nazie. Il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Il commence à travailler sur le film dès 1937. Durant...

le 23 avr. 2022

34 j'aime

22