Rashômon est d'abord impressionant pour la qualité de sa photographie. Peu surprenant chez Kurosawa me direz vous mais ce n'est pas parce qu'il filme quasiment toujours parfaitement qu'il faut oublier de le rappeller.
La seule scène du bucheron se promenant dans la forêt est une ode au cinéma. Champ, contre-champ, plongée, contre-plongée travelling et j'en passe. Kurosawa est quand même le type qui fait des travellings où le personnage met en valeur les feuilles et les branches des arbres, pas l'inverse.
Ensuite, trois hommes s'ennuient sous la porte de Rasho car il pleut à verse et ils n'ont pas plus envie de se mouiller au XIème siècle à Kyoto que de nos jours en France. (D'ailleurs je n'avais pas de parapluie en sortant du cinéma et évidemment il pleuvait) Un bonze et un bucheron sont préoccupés par une affaire qui les concernent et un trosième larron, qui s'ennuie ferme de leur dire : « Merde les gars on se fait un peu chier sous la pluie, balance donc ton histoire qui te turlupine tant monsieur le gentil bucheron ». S'ensuit alors un enchainement de quatre versions d'une affaire de viol+meurtre.
On peut prendre Rashomon de plusieurs manières, pour la nature, pour l'histoire magnifique qui montre tout le mensonge et la saloperie de l'espèce humaine mais ce qui me frappe le plus chez Kurosawa c'est que selon moi, l'important réside simplement dans un plan final sur la porte. Le film ne s'appelle pas la porte de Rasho pour rien, c'est elle qui malgré les famines, la pluie ou les guerres est encore là bien debout. L'être humain qu'il survive ou non, qu'il soit heureux, bon ou violeur et mauvais, tout cela importe peu. La pluie finit par s'arrêter et si l'on ne suicide pas par désespoir tel un nihiliste, il faut bien avancer.