On était en retard à la séance. Étant mes parents et moi des amoureux de la salle de cinéma, ce retard était totalement inattendu et j'étais au bord des larmes en pensant que j'allais rater ma chère séance, celle dont j'avais passé la semaine à rêver.
Presque en pleurs, mangeant un paquet de M&Ms pour me rassurer et essayant de trouver une place parmi la salle comble alors que le film venait tout juste de commencer : voilà comment j'étais entré dans la salle.
Inspiré, émerveillé, complètement sous le charme et harcelant ma mère pour qu'elle m'achète une peluche Rémy : voilà comment j'étais sorti de la salle.
Ratatouille est mon amour d'enfance, et plus j'y pense, plus je me dis que ce film a été mon deuxième choc cinématographique (après Le roi lion) : j'ai tout de suite été subjugué non seulement par l'histoire, mais par la musique incroyable de Michael Giacchino (ayant aussi fait la musique de Les Indestructibles, Là-haut...) qui nous fait totalement entrer dans l'ambiance parisienne et rêveuse du film. Allant de la nonchalance (This is me) à la course poursuite (100 rat dash, The paper chase) en passant par l'ébullition de l'inspiration (Souped up), sans compter évidemment les morceaux - mes préférés - mixant de nombreuses ambiances (Wall Rat, A real gourmet kitchen), la musique de Ratatouille est l'une des plus belles bandes sons jamais composées pour un Disney/Pixar (voire l'une des plus belles bandes sons tout court).
L'histoire n'est pas en reste. Partant d'une idée complètement loufoque - un rat cuisinier manipulant un mauvais cuisinier par ses cheveux - le film aurait rapidement pu tourner au nanar. Cependant, il est empreint d'une telle tendresse que l'on se prend tout de suite d'affection pour ce petit rat artiste qui poursuit ses rêves dans ce monde dont il a tant rêvé. Oui, l'histoire est loufoque, mais être réaliste n'est pas son but, et l'on se laisse entraîner dans ce monde où les rats peuvent faire preuve d'une plus grande finesse qu'un cuistot et où la cuisine est centre de tout - et ça, c'est un coup de maître.
Ayant toujours été un amoureux de la nourriture, je dois avouer que cette mise en avant de l'art culinaire participe pour beaucoup à mon amour total de ce film - et après tout, qui n'a jamais rêvé de cette ratatouille servi à Anton Ego à la fin du film ? Qui n'a jamais rêvé de cette baguette croustillante entre les mains de Colette, tellement croustillante que la musique s'arrête pendant quelques secondes pour lui laisser place ? Les graphismes magnifiques (il fallait s'y attendre avec Pixar) participent à cette envolée dans le rêve et la nourriture, et nous poussent nous-mêmes à savourer non seulement nos plats mais aussi la vie - car oui, la nourriture, symbole de l'opulence et de la belle vie, est un prétexte pour parler du fait de savourer la vie à pleines dents.
Oui, Ratatouille est un film qui pousse à exister sans s'excuser. À aller chercher ses rêves, à espérer, sans jamais faire marche arrière. Car après tout, quelle autre chose peut compter dans la vie quand on a une telle passion ? "Everyone can cook", comme disait le plus grand cuisinier du film, Auguste Gusteau : cette passion paraît impossible, inaccessible pour un petit rat des champs, mais c'est ce qui va sauver Rémy, enfermé dans un monde qui ne lui correspond pas et l'attriste.
Et si tout le monde avait le courage de ce petit rat, je pense que la vie serait plus belle.
"Jamais on ne me dira
Que la course aux étoiles, ça n'est pas pour moi
Laissez-moi vous émerveiller et prendre mon envol
Nous allons enfin nous régaler"