Back to the Outback with Razorback. Tel est la punchline que je mettrais sur l’affiche, si quelqu’un en avait quelque chose à foutre de mon opinion. Production australienne de 1984, ‘’Razorback’’ est ce que l’on pourrait appeler un ‘’Film de sanglier’’, puisque l’histoire tourne autour d’un sanglier géant, qui règne dans un coin de l’outback australien, détruisant tout sur son passage. Avec un goût prononcé pour la chair humaine. Miam.
Première réalisation de Russel Mulcahy, plus connu pour ‘’Highlander’’ 1 et 2, ‘’The Shadow’’ (avec Alec Baldwin <3 ) et ‘’Resident Evil : Extinction’’, qui reste le meilleur de la saga jusqu’à présent (oui, c’est dire le niveau de cette saga), mais Mulcahy c’est avant tout un clippeur : AC/DC (‘’Baby Please don’t go’’), The Stranglers (‘’Duchess’’), Paul McCartney (Wonderful Christmastime’’), The Buggles (‘’Video Kill The Radio Stars’’), Ultravox (‘’Vienna’’), 7 de Duran Duran (dont ‘’The Reflex’’), Kim Carnes (‘’Bette Davis Eyes’’), Spandau Ballet (‘’Musclebound’’), Rod Stewart (Young Turks’’), 22 tubes d’Elton John (dont ‘’Wrap Her Up’’ en duo avec George Michael) , 4 de Billy Joel, Bonnie Tyler (‘’Total Eclipse of the Heart’’), Culture Club (‘’The War Song’’), Boy George (‘’Sold’’), Berlin (‘’Sex (I’m a…)’’), The Rolling Stones (‘’Going to a Go Go’’), Queen (‘’A Kind of Magic’’ et ‘’Princes to the Universe’’, issus de la BO de ‘’Highlander’’), Def Leppard (‘’Pour Some Sugar on Me’’) et Simple Plan (‘’Prayers For Bobby Tribute’’), sont tout autant de groupes, ou d’artistes, à avoir fait appel à ses services.
Sur l’ensemble de sa carrière, peu de ses films de cinéma ont reçu un grand succès, critique comme public. Et depuis les années 2000 il œuvre surtout à la télévision, sur des téléfilms et des épisodes de séries. Mais en 1984, il emballait un petit film de monstre des plus sympathique, et efficace, malgré une ambiance eighties hyper stylisée, dans les jeux de lumières aux néons, et la synthwave omniprésente. Héritage de son expérience de king of the clip.
Dressant un portrait fantasmé d’un outback des plus crasseux, avec ses bogans tout droit sortis de Mad Max, que ce soit dans leurs fringues, leurs gueules, ou leurs véhicules poussiéreux au point d’avoir pris la couleur du désert, et leur habitat, une grotte aménagée en atelier/garage/salon/sale de cuisine/chambre/usine d’équarrissage.
Malgré l’esthétisme léché et propret en apparence, créant un décalage entre le fond et la forme, il y a une volonté de faire ressortir l’horreur de décors éprouvants, où le soleil cogne sans arrêt, et le sable omniprésent se colle sur les visages trempés de sueurs. Le métrage oscille ainsi entre différentes strates, allant de l’esthétisme clipesque, au cauchemars georgemillerien, en passant par l’horreur pure, portée à bras de crocs par le sanglier géant qui fracasse au hasard.
Le film demeure un bon divertissement riche en rebondissement, proposant une intrigue annexe à la simple chasse au sanglier, en développant des personnages auxquelles il essaye de donner de la texture. Il souffre cependant d’un manque de rythme, perdant parfois un peu le spectateur, et s’enfonce dans une intrigue secondaire peu intéressante. Celle d’une chasse à l’homme un peu confuse, sans réelle cohérence, qui relaye au second plan durant tout une partie du film le sanglier géant tueur de gens. Qui est de fait totalement absent du récit.
Ce dernier se focalise sur les bogans, dont le film livre un portrait absolument assassin, venant témoigner de cet outback arriéré moyenâgeux, qui en 1987 donnera son titre à ‘’Dark Age’’. Une thématique très présente dans le cinéma australien, que ce soit dans les années 80 où dans les années 2000. ‘’Rogue’’ de Greg McLean en faisant également un portrait peu sympathique, plus bienveillant, mais tout de même un peu sarcastique.
Les méchants bogans pas beaux, contre le beau citadin propre sur lui, est ce qui remplit l’intégralité de la trame de ‘’Razorback’’. Peu généreux en attaques de gros cochons sauvages, sauf lors du dernier acte horrifique (que ce soit dans le combat contre le sanglier sanguinolent, ou dans l’éclairage dégueulasse de la séquence), le métrage de Russel Mulcahy essaye d’exister pour autre chose.
À l’instar d’œuvre comme ‘’Jaws’’ ou ‘’Dark Ages’’ 3 ans plus tard, par le biais de son statut horrifique, il cherche à se livre à une petite analyse sociologique critique, un brin moqueuse et inoffensive, car trop appuyée, d’une population australienne dégénérescente. Oubliant l’essentiel : son statut de film de monstre. Too Bad Mate !
-Stork._