Pas très convaincu par ce film qui, aujourd’hui, divise plutôt le public. Oscillant entre le film d’horreur avec vilaine bestiole en colère et le film d’exploitation australien typique avec culs-terreux complètement ravagés, le réalisateur reste toujours au milieu du gué. Par conséquent, le spectateur qui vient chercher un survival face à un animal fou n’est pas satisfait, et celui qui vient chercher un film dérangé n’est pas non plus comblé. Le souci principal du film est le razorback en lui-même. Au-delà d’effets spéciaux primaires que Russell Mulcahy a su habilement contourner, sa vilaine bêbête n’est, en vérité, pas le personnage principal du film. Il va et vient, représentant une menace lointaine et peu crédible lorsqu’il se rapproche. Plutôt que de centrer son intrigue sur cette bête terrifiante, le réalisateur préfère consacrer une bonne partie de sa pellicule à des types sortis tout droit de Mad Max. À vrai dire, ce n’est pas très habile.
De nombreux personnages intéressants sont rapidement sacrifiés. Certains apparaissent puis disparaissent sans rien apporter à l’intrigue. Le remplissage est évident : faute de budget, certaines séquences fonctionnent comme un leurre. Une fois peut se comprendre, trois fois c’est trop. Privé de la moindre tension, le résultat n’est pas vraiment à la hauteur des espérances. Il n’est cependant jamais totalement mauvais. Même si Russell Mulcahy découpe certaines scènes comme les clips qu’il tournait pour se faire connaître, c’est la photographie de Deam Semler qui assure remarquablement avec personnages dont les profils se découpent dans les ciels orangés des soirées australiennes.
On pourra également apprécier l’ambiance sauvage souvent représentée dans le cinéma australien. À la beauté des paysages s’oppose ainsi des personnages volontiers bien crades qui brossent un portrait peu reluisant de l’Australie profonde. C’est, à mes yeux, insuffisant, le film passant trop longtemps à côté du sujet que le pitch nous vend. Dommage.