Razzia révèle ce qui se cache sous le mythe du Maroc moderne et libéral.
On y voit une société divisée par ses désirs et ses convictions qui se contredisent. En toile de fond, la jeunesse formée mais toujours pas recrutée réclame l'émancipation par le travail. D'autres choisissent des vois différentes : la prostitution, le mariage... Face à cette colère, la lutte déchirante d'une élite pour les libertés individuelles paraît bien mesquine. Et souvent la confrontation entre les deux luttes est violente. Pourtant, elles ne sont pas si éloignées : tous réclament une liberté qu'ils savent possible, mais chacun vise une liberté différente.
Et puis il y a la religion, omniprésente, qui formalise les détestations entre les groupes. Une détestation que l'on comprend forcément quand le réalisateur nous met face aux attouchements pervers des riches héritiers ou face bigots qui tentent d'imposer leurs normes aux femmes - surtout - et aux hommes.
Inévitablement, la colère explose et devient violence. Cruelle, la violence vient se placer entre l'homme courageux et ambitieux et ceux qu'ils voulaient rejoindre, vulgaires et mauvais. Elle brise les rêves de tout le monde, qui étaient déjà bien fragilisés. Mais la violence est partout, et elle envahit les rues. Personne ne semble se rendre compte que l'émancipation individuelle ira main dans la main avec l'émancipation économique. Ou en tout cas personne ne semble suffisamment fort pour le faire comprendre.
Très habilement, le réalisateur revient dans le passé et intercale une tentative d'explication à l'impasse dans laquelle semble de trouver le pays : en imposant des fonctionnement contre-nature, les individus sont privés de leur capacité de s'exprimer et de réaliser leurs potentiels.
Un film sombre donc, et qui fait beaucoup de peine.