Sûrement la meilleure adaptation d'une œuvre de H.P. Lovecraft. Réalisé avec peu de moyens par Stuart Gordon, encore inconnu du grand public, Re-Animator adapte avec brio la nouvelle "Herbert West, réanimateur", transposant l'intrigue du début du siècle aux années 80, raccourcissant les écrits de Lovecraft (qui étalait la vie de West à travers le journal intime d'un narrateur inconnu), ajoutant de nouveaux personnages et situations mais conservant l'essentiel, soit la folie d'un homme qui veut coûte que coûte prouver au monde qu'il est capable de réanimer le corps humain après sa mort... En cela, le court scénario nous montre l'essentiel, sans fioritures ni longueurs inutiles, allant droit au but quant à cette histoire dérangeante où l'homme joue encore une fois à Dieu...
La mise en scène est quant à elle tout simplement exaltante, Gordon arrivant malgré son maigre budget à nous délivrer une adaptation à la fois glaçante et visuellement époustouflante, débordant de séquences gore dévoilées sans aucune retenue (allant d'éviscérations multiples à une décapitation à la pelle en bonne et due forme). Les effets sanglants sont donc nombreux et réussis, mélangeant dégoût profond et tohu-bohu carmin autour d'une atmosphère aussi angoissante que foncièrement décomplexée. Mais l'un des points les plus forts du film réside principalement dans l'excellente interprétation de Jeffrey Combs, le jeune acteur américain campant ici le rôle de sa vie, celui de Herbert West, étudiant en médecine odieux, hautain, déterminé et psychopathe dont le regard fou et le visage sans cesse rempli d'effroi nous glace le sang à chaque apparition.
Pour le reste, nous aurons droit à une joyeuse série de scènes cultissimes comme la réanimation du chat (qui a malheureusement pris un coup de vieux) et celle du premier cadavre à la morgue où West et son acolyte de fortune Cain se livrent à un vrai face à face avec ce zombie revenu soudainement à la vie et hors de contrôle. N'oublions également pas la mémorable musique de Richard Band (un spécialiste du genre), collant parfaitement à l'atmosphère lugubre de ce film culte qui a à peine vieilli.