Reachers

SKY est l’acronyme utilisé pour désigner les trois plus prestigieuses universités coréennes. Pour les lycéens et leurs parents, c’est un Graal qui mérite tous les sacrifices. Ce documentaire observe le mécanisme de l’éducation coréenne.

Divin est ce qui caractériserait sans doute le plus ce documentaire, magistralement mené par deux réalisateurs, l’un belge et l’autre coréen, dénonçant, ou en tout cas mettant en avant, la grande tension et pression que subissent les élèves coréens, formatés depuis leur jeunesse afin de passer le Suneung, sorte de BAC coréen qui détermine l’avenir d’un étudiant. Durant une année de lycéen, Choi Woo-Young et Steven Dhoedt plongent le spectateur dans le quotidien de plusieurs élèves, filles et garçons, nous partageant angoisse, bonheur et tristesse. Ce documentaire nous montre le système éducatif coréen en n’abordant aucun parti pris sur les conditions que subissent les élèves.

D-364, D-250, D-150, … jusqu’au redoutable D-Day, le documentaire bouleverse, tant par l’ingéniosité des séquences montrées que par sa bande originale, resplendissante et servant si bien à décupler les émotions transmises par ce film. Parce qu’on est sous le choc en regardant ce film. Les étudiants doivent surmonter un véritable enfer, un supplice d’années en années, qui aboutira sur une seule épreuve de huit heures déterminant leur avenir. Reach for the Sky… Sky… Sky… Ce SKY, cet ensemble des meilleures universités de Corée, qui pousse les élèves jusqu’à se dépasser, jusqu’à ne plus que travailler et ne vivre que pour l’épreuve.

Être jeune, ce n’est pas jouer ou s’amuser.

Reach for the SKY nous montre tout ce système éducatif monstrueux qui pousse des familles à bout. Les parents mettent redoutablement la pression à leurs enfants, déjà mis sous tension par le gouvernement. Au final on assiste à une lutte acharnée et sans fin des élèves, sans vie sociale, préférant travailler que passer du temps avec leurs amis (ou du moins obligés). Reach for the SKY nous dépeint une société qui ne leur laisse pas le choix. Ainsi, l’année défilant à une vitesse folle pour nous spectateurs s’éternise en fait pour les élèves jusqu’à ce moment fatal qu’est le Suneung, point culminant d’une année de stress et de tensions, de pressions et de surtravail.

Ce qui est d’autant plus incroyable est de voir l’implication totale du gouvernement dans cette épreuve, clouant au sol les avions et interdisant les klaxons pendant 30 minutes afin de ne pas gêner la compréhension orale d’anglais, et employant les policiers et l’armée afin d’escorter les feuilles d’examen.

Si vous avez peur d’être en retard, appelez le 112.

Les familles prient, les mères pleurent, les élèves stressent… Le jour-j est un véritable enfer pour tous, même si des soutiens aux étudiants sont faits dans les rues.

Vos efforts vont payer.

Savoir qu’1% seulement des étudiants participant à l’épreuve sont reçus à SKY, et que pour rentrer il faut avoir les résultats parfaits, cela montre l’énorme difficulté que doivent surmonter les étudiants, parfois effondrés lorsqu’ils apprennent leur échec.

téléphone à sa mère Je n’ai pas envie de rentrer et je n’ai pas envie de te voir

Vous l’aurez compris, aucun adjectif dithyrambique ne pourra être de trop pour découvrir ce documentaire, magistralement beau. On est envahi par un flot d’émotions, tant par la beauté du film que par l’accompagnement fantastique de la musique. Enorme surprise de ce festival, j’en reste encore bouche bée.