Reaching out to Mama [Spoilers]
Dans la vieille bicoque où vit tant bien que mal la petite famille, les échanges ont bien du mal à s'opérer dans le calme. Ici, chacun défend sa cause : Une mère énergique aux paroles fortes, qui ne cesse de tourbillonner dans la maison, ça et là aux taches ménagère, au souper, ou encore à courir après ses rejetons turbulents. Le père, un grand homme au visage buriné, stéréotype du chef de famille apportant le salaire nécessaire à la vie familiale. Les parents ont peu de temps à eux, leurs relations étant envenimées par les problèmes fiscaux, et la pénibilité du comportement de leur enfants. Le grand frère, âgé de douze ou treize ans, dans son monde à lui, à l'écart. Figure du préado rebelle, un punching-ball de fortune arrimé à son lit, Séva se moque de ce qui l'entoure, il a passé l'âge des gamineries de sa sœur, et se joue d'elle dès que possible. Quelqu'un semble avoir posé là quatre protagonistes, aux caractères bien différents, qui n'essaient pas véritablement d'instaurer le dialogue, mais plutôt de faire taire son voisin.
A table, premier portrait de famille, illustration parfaite des relations existantes. Le poste de télé est allumé, le père déjeune en lisant le journal, le fils commente sans vergogne l'absence de sa sœur. La mère patiente, à la fois anxieuse et éreintée. Subitement hantée par les dangers de la mer toute proche, elle sort à la recherche de sa fille. D'emblée, le spectateur est invité à suivre la relation mère-fille, et c'est bien sur cette dernière que l'essentiel du film sera fondé. Partagée entre le violent rejet de sa mère et l'amour en filigrane de ses parents et principalement de son père, Katya expérimente son complexe d'Œdipe.
Reaching Out to Mama s'avère être une oeuvre d'une grande richesse, et un début extrêmement prometteur pour cette jeune réalisatrice Russe.