Ce film est fait pour moi. Je dois à Spielberg mes plus beaux souvenirs de cinéma. Il a l’âge de mes parents. C’est lui, à moins que ce soit papa, qui m’a offert ma première véritable console de jeux : une Atari 2600. J’ai été Pacman, Space invaders et j’ai fini Adventure. Avec papa, j’ai vu E.T., La rencontre du troisième type et le premier Indiana Jones. Avec mes potes, cent fois, nous avons exulté sur Gremlins et Retour vers le futur. J’ai tenté de danser comme Travolta. J’ai découvert, sur le tard, les jeux on line et les MMOG. Mes fils ont pris, un peu trop à mon gout, la relève.
Nous sommes en 2045, le monde va mal. L’humanité a trouvé refuge dans l’Oasis, un univers de jeux vidéo immersifs, sans limites et en réalité virtuelle, créé par James Halliday. Ce richissime et introverti magna meurt en léguant son empire au futur vainqueur d’une course à l’œuf de Pâques. Chaque jour, une multitude d’amateurs et une équipe de professionnels aux moyens illimités engagés par IOI, une multinationale sans scrupules, s’affrontent, en vain. Deux solitaires, Parzival (Tye Sheridan) et Art3mis (Olvia Cooke), prennent la tête du concours. Menacés par IOI, ils vont être contraints d’unir leurs forces et de créer leur clan. Sauveront-ils l’Oasis ?
Le jeune couple et l’overdose d’images de synthèse rappellent Valérian, mais, à l’inverse du film de Besson, ils bénéficient de rôles parfaitement écrits et d’un véritable scénario où la difficile imbrication du réel/virtuel fonctionne correctement. Le monde parallèle et la logique de clan ont été traités en dessin animé par Mamoru Hosada dans Summer wars, mais ses effets spéciaux ont mal vieilli.
Avouons que le résultat est beau et fabuleusement riche. Les références s’accumulent au premier et au second plan, en fond d’écran et dans la masse des combattants, sur le mur d’un atelier et sur les étagères d’un gamin, au fond d‘un grenier.... La pop culture est partout. Tous mes héros sont là, sans pour autant que leur identification ne soit nécessaire à la compréhension de l’histoire, Spielberg est trop malin.
Tout va si vite... Dans une dernière pirouette, après nous avoir submergé d’effets virtuels, Spielberg nous impose deux journées de sevrage hebdomadaires. Le jeu, c’est bien, le monde réel, s’est encore mieux. Merci papa.