Depuis quelques temps maintenant, ce film me faisait de l’œil... La présence d'Alain Chabat qui est pour moi un dieu, le caméo de Michel Hazanavicius ( oui ce genre de choses compte..!), une accroche intéressante. M'inquiétait seulement la réalisation de Quentin Dupieux dont je n'ai vu aucun film... La très prochaine sortie de son nouveau film Au Poste ! m'a donné envie de me lancer dans Réalité ; pour le plaisir de le voir mais aussi pour découvrir le cinéma de Mr.Oizo et pour appréhender son cinéma avant son prochain film...
Maintenant que Réalité a été visionné que dois-je en penser ? Que dois-je penser de cette expérience hallucinante de maîtrise et de sobriété qui m'a retourné le cerveau ? Que dois-je penser de ces performances réussies ? Que dois-je penser de cette mise en abyme infernale qui n'en finit jamais ? Et la seule musique du film qui accompagne les héros pendant tout le film, que dois-je en penser ?
Que dois-je penser du gémissement poussé par Alain Chabat lorsqu'on lui met un suppositoire ?
A toutes ces questions que je me pose, je réponds OUI ! Réalité est une expérience unique qui vous emporte et vous lave la cervelle. On sort de ce trou infernale épuisé et se demandant où nous sommes, qui sommes-nous ? Aucune question existentielle dans Réalité, simplement des dimensions qui se croisent et se recroisent ! Mais qui est le rêveur ?
Je profite d'ailleurs de cette transition pour donner mon avis sur la "possible" ressemblance Dupieux/Lynch : effectivement quelques thématiques sont commun à chacun des réalisateurs ( en tous cas sur Réalité de Dupieux ) notamment le rêve ; cependant, les deux réalisateurs ne traitent pas du tout la question de la même manière :
Dans Réalité, le rêve est traité comme une spirale infernale qui alterne la réalité/rêve/cinéma. Celui qui tire les ficelles de ce cauchemar ( Dupieux en l’occurrence selon moi ) ne cherche pas à donner d'explication, à se justifier.
Dans Mulholland Drive, chaque seconde est plus ou moins pensé, on sait qui est le rêveur. Le film est scindé en deux parties distinctes reconnaissables et plus au moins indépendantes : le rêve de Diane et la réalité. De nombreuses énigmes gravitent autour de ça comme la boîte bleue. La boîte bleue est-elle une porte qui mène du rêve à la réalité comme l'électricité dans Twin Peaks qui nous permet de changer de dimension ? Mais alors, qu'est qui régule le rêve dans Réalité ? J'ai pensé à la petite fille qui porte le nom Réalité mais plus rien n'est sûr, comme je pensais qu'elle était la seule personne existante de toute l'histoire et qu'elle est celle qui rêve l'histoire. Là on aurait pu faire un rapprochement ( quand même éloigné ) avec Mulholland Drive... Seulement, le régisseur prend un malin plaisir à détruire toutes nos théories à tel point que nous ne savons plus quoi penser...
Malgré ces 1h22, le film a de nombreuses choses à nous offrir. Le film n'est jamais gourmand et garde cette mise en scène épurée et sobre malgré l’explosion mentale de (peut-être) Jason. Alain Chabat donne au personnage et au film une douceur et une naïveté magnifique. Le talent de Jonathan Lambert est au rendez-vous et s'ajoute à la liste des personnages excentriques de ce film, qui n'est sans aucun doute, un grand hommage au cinéma et à ses multiples genres.
Ce long-métrage, bien réel celui-ci, est un big bang à lui tout seul. Un univers est crée où inattendue se mêle au cauchemar. Réalité est peut-être son film le plus aboutie selon ses dires, je m'empresse de voir les autres ! Comme dit Cyril Béghin à propos de Jeannette, je me permet d'affirmer "qu'avec ce petit chef-d'oeuvre, son cinéma s'envole définitivement". En tous cas j'espère...
P.S : J'ai peut-être maqué deux-trois détails c'est possible... Je compléterais la critique au besoin après re-visionnage du film !