- So, do you have a special technic ?
- Yes. I put the stramberries in a damb cup and, then, I rub them ever so gently. That way, you won't damage the skin
- You could show us ? It would be easier!
- Gladly ... SEE MY MOVIE, YOU F* MORON** ... and, then, ever gently, you'll see.
Un sanglier mange une cassette et est tué par un chasseur. La fille du chasseur, Reality, voit la cassette dans les entrailles de la bête dépecée, mais personne d'autre ne veut la voir. Reality fera tout, bravera l'interdit du réalisateur qui la film pendant son sommeil, pour voir cette cassette. Une cassette bleue.
Le réalisateur qui la film tandis qu'elle dort, c'est Zog, un clochard recueilli par un grand producteur oisif, qui ne parle avec lui que par interprète sexy interposée. Il fait un très bon film.
Le producteur oisif engage aussi Tantra, un ex-standardiste devenu caméra-man de télévision et qui veut se lancer dans le cinéma en tournant Waves, un film où les postes de télévision tuent par onde télépathique. Il doit, pour obtenir l'aval du producteur, trouver le gémissement de douleur ultime, susceptible de gagner un oscar. Un cri de Wilhem, quoi. Son parcours, déjà semé d'embûches, devient celui du combattant quand il trouve son propre film en salle en concurrence avec Rubber 2. Pire, il se retrouve en concurrence avec lui-même et finit par se payer un séjour en hôpital psychiatrique, ne sachant vraiment s'il est fou, perdu entre plusieurs rêves ou plusieurs temporalités.
Un peu comme le présentateur vedette de son émission, qui se gratte tout le temps, victime d'un mal imaginaire ... ou pas.
Qui est spectateur de qui ? Qui est personnage de qui ? Qui est qui ?
Réalité de Quentin Dupieux est l'espace où la réalité un rien volontairement caricaturale se mue, s'étiole et se dissout, sans explication.
Parce que Dupieux est le Non-réalisateur, celui du Nonfilm, celui d'une Réalité qui nie la réalité.
Las, là, c'est un peu le spectateur qui se mue, s'étiole et se dissout devant un métrage en totale auto-référence aux anciens métrages du Maître, pseudo-babélique pour faire international, prétentieux sans réelle ambition, plein de nombreux signes donnés comme à interpréter pour rien.
Réalité est frustrant parce qu'il a de quoi surprendre par un twist fou quel qu'il soit, que son réalisateur semble préparer - à coups de révélations précoces empêchées, à coups de "tout prendra sens" à la Guillaume de Lorris dans le Roman de la Rose - mais ne le fait pas. C'est un film de nonsense (ou No reason, Dupieux semblant penser être né de lui-même) qui ne s'assume pas en tant que tel et préfère laisser croire tout un temps qu'il donnera pour une fois un semblant de sens. Non, c'est un Dupieux classique qui joue au mystique, qui donne dans l'énigmatique et dévoile ainsi assez bêtement son vide. On pensera peut-être qu'il y a quelque chose à tirer de tout cela, se répétant que ce ne peut n'être que ça. Et pourtant si, ce n'est que ça.
Alors, voyons-le comme un délire surréaliste après l'heure, une rémanence de l'absurde (Soupçonnons à ce sujet les prétentions kafkaïennes récentes d'Éric & Ramzy pour améliorer leur image de marque comme héritées des tournages accomplis pour le dit Dupieux).
Rêvons ou cauchemardons le réel, ne faisant cas que de l'irréel, des visuels et des fantaisies folles du film, entre rictus de ris et rictus de pleurs.
Ainsi, le film gagne en transcendance et devient, pour paraphraser le grand Orson Wells au sujet du Procès de Kafka, la logique d'un rêve ou d'un cauchemar.
Chabat-dada, Chabat-dadada !
FIN DE WAVES
FIN DE RÉALITÉ
FIN DE LA RECETTE AUX FRAISES
FIN DE CETTE CRITIQUE
FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN FIN ... ou pas !