Daaaaaali est le nouveau film de Quentin Dupieux qui va sortir très prochainement en février 2024. A l’occasion de cette sortie haute en couleur je vous propose de revenir 10 ans en arrière pour parler d’un autre film de Quentin Dupieux : Réalité.
Synopsis
On suit l’histoire de Jason Tantra (incarné par Alain Chabat), un cadreur d’émission télévisée, qui voudrait pouvoir tourner son film. Bob, un magnat* de la production cinématographique hollywoodienne, décide de financer son film mais à une condition : il doit trouver le meilleur gémissement qui n’ait jamais été enregistré.
Il faut le voir pour le croire
Le scénario vous a l’air pas mal barré ? Spoiler : il l’est. En effet ce film est fantasque* et complétement déjanté. Ne vous attendez pas à voir un film qui respecte une chronologie ou un scénario particulier, il s’en affranchit complétement et cela donne un spectacle audiovisuel unique et remarquable. Si vous aimez les mises en abymes*, les dédoublements ou encore les scènes invraisemblables, je pense que vous avez trouvé votre film. Cela dit je tiens à remarquer que l’on est en présence non pas d’un film fantastique mais d’un film surréaliste à savoir un film qui joue de la confusion entre l’onirisme* et un soupçon de réalité pour nous livrer un rendu complétement décalé. Cela est évidemment à mettre en relation avec l’univers général de Quentin Dupieux et de son prochain film, Dali étant un des chefs de file du mouvement surréaliste.
Du côté des acteurs …
Alain Chabat est excellent dans ce film : il semble tout aussi déconnecté que le spectateur et tout aussi halluciné de ce délire qui se produit sous ses yeux et qu’il ne maîtrise pas. Il n’a l’air aucunement convaincu de ce qu’il fait (gémissement) et de ce pourquoi il doit le faire et cela est formidablement retranscrit à l’écran avec de nombreuses têtes désemparées de Jason et également de nombreux malaises. D’un autre côté on a un Jonathan Lambert d’une forme olympique qui colle à son personnage à la perfection. Une mention spéciale est également à donner à Eric Wareheim.
Une fausse prise de tête
Quel est le point commun entre Pulp fiction, Mulholland drive ou encore La la land ? Les vrais cinéphiles sauront qu’ils se déroulent tous à Los Angeles. En effet ce film n’échappe pas à la règle car tout comme les chefs d’œuvres précédents, il pose son cadre dans un des décors les plus symboliques si ce n’est le plus symbolique du cinéma. Ce que j’ai bien aimé c’est qu’il nous fasse redécouvrir une ville vue et revue en proposant des scènes et plans alternatifs pour nous montrer une Los Angeles différente : sans les studios (présents sur quelques plans seulement) je n’aurais pas reconnu L.A ! Cependant il ne renie pas non plus Hollywood pour autant car Jason possède une Delorean et que Dupieux a des approches très lynchiennes dans la façon de filmer et dans le choix de ses décors. On a le droit à des panoramiques assez longs et à des plans assez géométriques et esthétiques ce qui dénote fortement de la cacophonie scénaristique du film dont l’auteur abuse. En réalité, réalité ce veut être le pastiche* du film prise de tête. On a des films dans le film et ces derniers sont mélangés avec les rêves des personnages et des imbrications encore plus saugrenues qui ont l’air de critiquer directement des films comme Inception (2010). Le scénario change tout le temps pour revenir à l’idée de départ qui n’est plus tellement la même mais quand même un peu ce qui donne des scènes parallèles absolument géniales mais qui ne répondent aucunement à nos questions et c’est tant mieux.
Le mot de la fin
A première vue si je devais résumer le film en un mot je dirais perturbant ; si l’on ne connait pas la filmographie de Dupieux on peut être assez dérouté. Seulement à un moment donné du film vous vous lâchez et vous vous amusez du caractère grotesque et invraisemblable des scènes (comique de situation à foison) et après je vous garantit que le film devient très amusant. Bref j’espère que je vous aurai motivé à voir ce film car croyez-moi il vaut le détour. Une chose est sûre, c’est cette mise en scène et cette réalisation que j’attends de voir dans Daaaaaali qui semble lui aussi être très absurde et disruptif.
Le glossaire
Un magnat = quelqu’un qui a beaucoup d’influences et de pouvoirs dans un domaine/ Fantasque = synonyme de fou/ Une mise en abyme = représenter une œuvre dans une œuvre ex : la boucle d’oreille de la vache qui rit/ L’onirisme = synonyme de rêve/ Un pastiche = film qui parodie un genre