L'illusion de la perception

“Dans un voyage ce n'est pas la destination qui compte mais toujours le chemin parcouru, et les > détours surtout. Les détours.Rem à cette époque de son existence avait besoin d'effectuer des détours.” ― Philippe Pollet-Villard

Si "Predestination" était l'escalier de Penrose de 2014, "Réalité" est celui de 2015.
Car oui, ce film est un escalier de Penrose cinématographique, un trompe l'oeil, une illusion de la perception, un mindfuck qui défie la logique.

Contrairement a ses précédents films, "Réalité" ne dissimule pas son surréalisme dans une trame fun pour faire diversion à l'essence de l'objet, c'est ici le centre du propos.
C'est peut-être aussi pour cela qu'il a été mieux reçu, car plus clair dans ses intentions.

Souvent devant le travail surréaliste et peu commun de Quentin Dupieux, les critiques sont très clivantes : on adule l'originalité de l'univers de ce fou génial ou on conchie le n'importe nawak grotesque du scénario abscont d'un imposteur.

Car de notre côté aussi tout est une histoire de perception...

Lynch a depuis longtemps imposé son onirisme à clés, Dupieux commence à peine à imposer le sien (un genre de cousin sous acide du premier)

Techniquement, il n'y a rien d'extraordinaire, les acteurs sont plutôt bons malgrès qu'ils soient bornés à leur archétype respectif.
C'est à ce niveau là que j'ai ôté 2 points... car il ne reste à Dupieux qu'une sublimation de la forme pour atteindre le chef d'oeuvre que le fond mériterait.

Concernant le fond sonore, certains fans regretteront peut-être l'absence de Mr Oizo (son double musical), mais cet unique morceaux minimaliste de Philip qui soulignera tout au long du métrage les trangressions de réalité est tout de même, je trouve par sont côté angoissant et hypnotisant, de fort bon aloi.

Bref, encore un film de Dupieux qui a les qualités de ses défauts et les défauts des ses qualités, à savoir une logique paradoxale, un bordel cohérent, une parodie sérieuse... une rencontre des opposés en somme.
Donc très recommandable pour tous ceux qui veulent sortir des sentier battus et qui sont près à accepter l'inconcevable.

/me, pseudo digitalisé, s'efface et s'en retourne à cette fluctuation de vide qu'on surnomme réalité...