Non-sens, surprise, foutage de gueule, doigt d'honneur. On peut avoir beaucoup de réactions en sortant de la salle. On en aura aussi beaucoup en regardant ce film. Quentin Dupieux a eu quatre films pour créer sa dimension de cinéaste: barré, anticonformiste, cassage de codes et délires assumés. Avec "Réalité", il prend les mêmes codes, branche sur un ampli et pousse la molette sur 10.
L'histoire. Comment dire ? C'est impossible à résumer sans casser la surprise (ce que ne se privent pas de faire beaucoup de médias, belle bande d'idiots). Une fille, Réalité (c'est son nom, oui) va à la chasse avec son père, elle attend dans la voiture et découvre une VHS dans les entrailles du bestiau. Alain Chabat (qui a un nom impossible à retenir, Jason "machin-chouette") est un cadreur télé qui veut faire un film. Jonathan Lambert (qui a un nom dont je ne me souviens plus) est un producteur qui aime les idées folles. Et d'autres personnages.
Ce film a une logique, oui. Mais il est impossible de l'énumérer sans casser le gros plaisir de visionnage. Car c'est en découvrant cette logique que l'on se rend compte du génie du réalisateur. Car on la découvre au moment évident où il veut qu'on la découvre. A l'exact moment voulu par Dupieux. Il nous le dit. IL NOUS LE MONTRE CLAIREMENT ET C'EST DU GÉNIE !
Oui, Maj-lock et point d'exclamation. Parce que je me suis fait avoir, alors que je suis doué (sans me vanter) pour déceler les points faibles et retournements de situations. Mais sur ce film, je me suis fait avoir du début à la fin. Et puis, ce délire, certains plans, certains indices, ce non-sens qui prend un sens.
Bref, il a quelques défauts, notamment un jeu d'acteur qui sonne faux mais qui paradoxalement joue positivement sur ce film. Certains plans sont cools, la réflexion est poussé à un niveau monumental mais on frise parfois l'overdose. Oui, le but est de nous perdre dans les méandres du scénario sorti des méandres du cerveau de Dupieux, mais je ne pense pas qu'il y avait besoin d'en faire autant à certains moments.
Note: il ne fait pas la musique de son film (le gars est déjà en poste à la réalisation, l'image et le montage. Quand même). Il reprend une musique entêtante et foutrement répétitive de Philip Glass. Le style colle bien.
Voilà. Réalité. Allez-le voir. C'est une expérience.