A Monte Carlo, une jeune dame de compagnie américaine (Joan Fontaine) rencontre le richissime Maxime de Winter (Laurence Olivier), qui a perdu sa femme Rebecca depuis à peine un an. Entre les deux se noue une idylle qui se transforme en mariage. Mais arrivé au domaine de Manderley, fief de la famille de Maxime, la nouvelle Mme de Winter découvre un lieu imprégné de la présence de la défunte Rebecca, dont la mémoire est entretenue de manière étouffante par la mystérieuse gouvernante Mme Danvers (Judith Anderson)…
Premier film américain du réalisateur, Rebecca est encore profondément marqué par ses attaches à la Grande-Bretagne. Adaptant un roman de l’auteur britannique Daphné du Maurier, choisissant des acteurs et un cadre britanniques, Hitchcock fut néanmoins déçu par ce film, allant jusqu’à dire que ce film « n’ [était] pas un film d’Hitchcock », du fait de l’inaccoutumée de son sujet, mais aussi des contraintes étouffantes posées par les producteurs.
S’il est vrai qu’on ne reconnaît pas souvent la patte personnelle du réalisateur, le résultat n’en est pas moins brillant, particulièrement grâce à Joan Fontaine, suscitant une empathie totale chez le spectateur, qui se sent tout aussi désemparé qu’elle face à une aussi grande et mystérieuse demeure.
Malgré quelques longueurs importantes et une musique bien trop envahissante de Franz Waxman, l’ambiance créée par le Maître du suspense parvient à nous plonger de manière fascinante au cœur du malaise omniprésent que vivent les habitants de cette demeure, malaise entretenu et exacerbé par le personnage très réussi de Mme Danvers, inquiétante à souhait. S’il n’est sans doute pas le plus hitchcockien des Hitchcock, on pourra sans nul doute voir en Rebecca le plus romanesque des films du réalisateur, récompensé par l’Oscar du meilleur film. Un prix amplement mérité.