Six pour un film considéré comme un chef d'oeuvre : cela mérite que je m'explique.
Oui, le sous texte crypto lesbien est rigolol. La scène des culottes de nonnes, Ms Danver qui traverse le rideau-hymen de la chambre de Rebecca ... c'est malin, visuellement c'est sympa et ça fait poindre ce sourire de connivence.
Oui, Hitchcock nous emmène sur une fausse piste, c'est à dire qu'il parle d'un sujet durant une heure, puis fait un petit twist pour parler totalement d'autre chose l'heure suivante : dans un film à suspense, ça marche plutôt bien.
Oui, la mise en scène et la photo sont complètement "ok", surtout à Manderley.
Mais ... sérieusement.
Parlons cinq minutes de la relation Mr Winter/ Ms Winter n°2. Cette cruchotte dépourvue de prénom et tellement sans vie personnelle et sans identité qu'ils l'ont faite orpheline. Cette cruchotte choisie par l'homme riche/torturé/colérique parce qu'elle est douce, honnête et ... soumise. Cette cruchotte qui accepte tous les pétages de plomb de son milliardaire, accepte qu'il lui donne ordre et instructions, qui fait le bibelot là où il la pose et qui trouve tout à fait normal et acceptable qu'il ait assassiné son ex ...?
Puis-je l'appeler Anastasia ??? S'il vous plait ??? La faire entrée aux panthéon des cruchottes de cinéma qui nous apprennent qu'une relation abusive c'est totalement cool si le mec est riche et beau gosse ?
Et puis bon, au-delà ça, je voudrais aussi m'arrêter un instant sur la musique qu'il n'est pas possible d'ignorer. Chaque putain de scène a son orchestre de chambre. Chaque seconde la musique nous explique quelle émotion on est censée avoir face à une scène. Mon dieu que c'est lourd et fainéant.
Donc oui, c'est un classique. Oui, Hitchcock sait mettre en scène. Mais ce film-là a quand même de sacré défauts. et ce n'est pas lié à une époque, la même année sortait les raisins de la colère.