- Vous n’êtes jamais là pour moi ! Ce fameux mariage, c’est ce que vous souhaitez. Vous demandez-vous ce que moi je souhaite ? Non ! Vous passez votre temps à me dire ce que je dois faire ou ne pas faire…Vous tenez absolument à ce que je sois comme vous ! Et bien je vous le dis, je ne serais jamais comme vous !
- Tu te comportes comme une enfant !
- Et vous ! Vous êtes un…monstre ! Voilà ce que vous êtes !
- Merida !
- Je ne serais jamais comme vous…
- Non ne fais pas ça !
- Plutôt mourir que de vivre comme vous !
En 2012, le studio d'animation Pixar racheté par Disney annonce son grand retour avec "Rebelle", une oeuvre qui à l'époque marque une différence de par le sujet traité avec le style du studio. Une histoire de princesse pas comme les autres présentant une jeune rebelle essayant de changer son destin pour échapper d'une manière ou d'une autre à son statut de future femme ainsi que de future reine.
Avec Rebelle, Pixar propose une histoire plus mature qu'à l'accoutumer présentant un noble et capital sujet avec l'émancipation des princesses.
Sous l'ère Disney les princesses furent durant longtemps un symbole peu flatteur. De belles jeunes femmes, sous de belles robes, ayant pour seul désir et objectif de trouver un prince charmant, qui bien entendu devait à chaque fois là sauver car incapable de se débrouiller seule. Une approche très minaudière qui au fur et à mesure évoluera à travers diverses figures féminines telle que : "Ariel", "Pocahontas", ou encore "Mulan", mais qui ne parviendra jamais totalement à échapper au fameux grand amour. Le grand amour, le détour obligatoire pour être une héroïne digne de la vision étroite de Disney qui encore aujourd'hui à bien du mal à s'extirper de ce principe (voir Star Wars épisode 9). En soit, il n'y a rien de mal à vouloir présenter une histoire amoureuse entre deux personnages, mais lorsque celle-ci se présente telle une condition immuable de par le sexe et le statut que représente le héros de l'histoire, cela en devient péjoratif.
À ce titre, la princesse de Rebelle : "Mérida", incarne une toute nouvelle génération de princesses sous les traits d'une jeune femme moderne, qui n'a pas peur de prendre le taureau par les cornes, n'hésitant pas à aller contre son destin fataliste afin de suivre son propre chemin. Une nouvelle figure héroïque loin d'être niaise et superficielle ne considérant à aucun moment comme nécessaire de porter de belles robes, ni d'être marié ou sauver par un prince charmant. Disney associé au studio Pixar parvient enfin à sortir du format réducteur dans lequel il fut longuement enfermé pour proposer une émancipation longtemps attendue, qui ne fait pas l'erreur d'oublier qu'avant d'être un message politique, il est avant un conte de fées qui doit remplir sa fonction de divertissement.
L'écriture proposée confère à Rebelle une structure sombre pourvu malgré tout de nombreux moments amusants mais toujours via une intrigue qui mûrit à mesure que l'histoire avance. Le message dressé s'appuie sur des thèmes forts tels que la liberté ou encore les valeurs familiales, à travers une approche dramatique touchante qui abandonne l'aspect grandiose et merveilleux propre à ce genre d'animation pour une approche plus intimiste. Une histoire originale et fascinante subtilement racontée, intelligemment conçue dans sa manière de poser le contexte du récit et de l'amener à sa conclusion. Le rythme est le seul petit point faible du film. Visuellement Rebelle est époustouflant. En matière d'animation et d'effets visuels le studio fait fort en illustrant magnifiquement la nature ainsi que les vieux monuments écossais. Le paysage verdoyant tient une place de premier ordre tant il est magnifiquement exposé, subtilement mélanger à travers une magie occulte qui imprègne efficacement le contraste amenant ainsi une ambiance étrange et mystique particulièrement réussie.
Je suis Merida ! Fille et première descendante du Seigneur de Dumbroch ! C’est pour obtenir ma propre main que j’entends participer à ce tournoi !
Le doublage français est de qualité, au même titre que la composition musicale de l'Écossais Patrick Doyle qui propose des titres celtiques efficaces. Les chansons sont utilisées intelligemment en arrière-plan, laissant tomber le côté comédie musicale, ce qui apporte toujours plus de crédibilité et de texture au film. La chanson "Vers le ciel" de Maeva Méline est très appréciable, avec des paroles qui donne envie de chevaucher à cheval au plus profond des mystérieuses forêts et de vivre des aventures. Le titre "Soleil Brûlant" est également très beau, jouant plus sur la corde sensible.
Mérida est une princesse incroyable! Elle aime manger, roté, se battre, courir, rire à pleine gorgée, faire du cheval, du tir à l'arc, se promener en forêt, escalader des falaises... En gros, elle aime la liberté. Un véritable garçon manqué intrépide doté d'une bougne des plus attachantes avec ses joues rondes et roses que l'on a envie de croquer, ses grands yeux bleus, ainsi que sa fameuse et magnifique grosse et longue chevelure bouclée, couleur orange. L'animation autour de ses cheveux est saisissante. Courageuse, déterminée et têtue, Mérida lutte pour sauver sa mère des conséquences de ses propres désirs et va par la même prendre en maturité. Mérida détruit un à un tous les fondements de la princesse Disney conventionnelle, déchirant sa robe volontairement, se refusant à 3 princes, ne chantant aucune chanson, ne voulant se soumettre à aucun jugement moraliste de mauvais goût, jusqu'à lutter elle-même contre l'antagoniste principal avec sa mère "la reine Élinor".
La reine Élinor incarne la princesse Disney conventionnelle par excellence, apportant un contraste faisant des flammes entre la mère et la fille. La relation qui unit les deux femmes est touchante, devant toute deux se prouver leur amour tant elles sont à l'opposer. Le roi Fergus en tant que père de Mérida est un guerrier héroïque au coeur tendre et au tempérament jovial qui aime raconter ses exploits de guerre, surtout contre son ennemi de toujours le terrible ours "Mordu". Vêtu d'une cape en fourrure d'ours, d'une grosse épée, ainsi que d'une jambe de bois, il agit avec les muscles avant d'agir avec sa tête. Les triplés et petit frère de Mérida : "Harry", "Hubert" et "Hamish", des petits rouquins comme leur soeur, sont des petits chenapans très amusants. Les seigneurs McGuffin, Dingwall et Macintosh accompagné de leur fils et prince venus pour la main de Mérida sont hilarants. Heureusement, tous ces gros bourrus peuvent compter sur l'intelligence de leur reine et princesse pour avancer paisiblement. En tant qu'antagoniste principal, l'ours gigantesque Mordu amène une menace intéressante car indirectement liée aux personnages, agissant sans réel but, servant avant tout d'exemple de moralité au souhait de Mérida.
CONCLUSION :
Rebelle est l'un des plus beaux films d'animation que j'ai pu voir! Véritable représentant de l'émancipation des princesses chez Disney avec la fameuse Mérida. Mérida la plus belle, intrépide et emblématique des princesses qui se dresse tout en haut du podium, détruisant un à un tous les fondements de la princesse Disney par excellence. À partir d'une superbe animation verdoyante et savoureuse le récit dresse une histoire d'amour entre une mère et une fille que tout sépare et qui dans la dualité devront se prouver leur attachement. On n'a qu'une seule maman, et on se doit de la choyer.
C'est une princesse pas comme les autres, mais moi je l'aime c'est pas d'ma faute.
Certains disent que notre destin est lié à cette terre, une terre qui fait partie de nous, qui nous a façonné. D’autres disent que le destin est tel une étoffe tissée, où les histoires de chacun sont des fils entremêlés. Nous sommes tous à la recherche de notre destin. Nous nous battons pour le changer. Certains ne le trouvent jamais. D’autres ont la chance d’être guidé vers lui.