La nuit, pendant que vous dormez.
Avant de le voir, j'aurai tout entendu sur [REC].
Certains n'auront vu qu'un teasing original pour un film plus commun. C'est loin d'être mon cas.
Voici un film qui cumule les qualités à tous les étages, au risque de laisser des spectateurs sur le coté. Visite guidée de l'immeuble, du hall au grenier.
Pour commencer, [REC] est court. A l'heure du cinéma incapable de faire tenir un film en moins de 2h20, je trouve que c'est inestimable. 1h15 d'intensité, en ayant l'intelligence de ne pas rajouter de fioritures juste pour rentrer dans le moule. Court c'est bon, pourvu que ça soit épais.
Ce film se digère en temps réel. Il fait une pause à chaque palier. Il n'y a pas de temps mort, encore moins de réelle baisse de rythme. Ces pauses ne sont là que pour vous conditionner au prochain rush. Les réalisateurs vous offrent quelques minutes pour vous dire "Repose-toi. Inspire fort, car tu n'oseras bientôt plus respirer". Ces pauses se payent le luxe de donner une dimension sociale au film, sans tomber dans le dialogue plat et sans intérêt. Il brosse le portrait de cet immeuble, et donne la sensation d'être le voisin d'à côté, ce qui est une des clés du mécanisme de l'oeuvre.
Vous êtes donc un des résidents. C'est l'effet caméra au poing dans toute sa splendeur. Si vous n'êtes pas client de ce choix technique (Blair Witch, Cloverfield,...) et vous êtes de ceux qui pensent que ça ne donne que la nausée, passez votre chemin, je ne pourrai pas vous convaincre. Ici, [REC] vous offre l'expérience subjective absolue. Vous ne verrez pas la tête du caméraman. Il n'existe pas, ce ne sont que vos yeux et vos jambes. C'est vous qui courrez, criez et respirez fort. Très fort, très vite.
Nombre de films d'horreur ne s'embêtent pas avec des explications sur le pourquoi du comment tout a commencé. [REC] vous offre plus qu'une piste, tout en restant évasif sur les motivations qui ont mené au drame. Il laisse alors place à l'interprétation, avec son lot d'idées passionnantes à développer entre amis...
Ami gamer, tu te sentiras chez toi. Par son choix technique, [REC] est proche d'un FPS (First Person Shooter, pour les noobs). Tu ne seras pas dépaysé de voir ce qui ressemble fort à des objectifs apparaitre au fil de l'histoire. Tu arriveras peut-être comme moi, un instant, à te dire "hors de question que je retraverse tout ça, y'a même pas de point de sauvegarde sur le chemin" (véridique). L'expérience ne résonne alors que plus fort.
Enfin, la monté en puissance du film est gérée comme on ne le voit que dans peu de films d'horreur, avançant sereinement et implacablement vers le chaos absolu. Tout ce que vous aurez vu, toute cette angoisse, ce stress, cumulés marche après marche, tout n'est là que pour vous préparer à une fin d'une maitrise hors du commun, utilisant avec une perfection sidérante les codes du genre.
Vous pouvez maintenant continuer la visite seul, je vais m'arrêter ici un instant.
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