Un pas de danse, une lumière, un coup de feu, une fuite. Vous voilà plongés dans l'ineffable ballet d'une jeune femme russe, prisonnière d'un sombre jeu d'espionnage entre le camp russe et américain.

Francis Lawrence nous invite à observer d'un œil inquiet la vie brisée d'une jeune ballerine, contrainte de rejoindre les services secrets russes afin de pouvoir survivre et avoir l'argent nécessaire au soin de sa mère. Ainsi par le biais de son oncle, la jeune Dominika rejoint l'école quatre qui lui apprendra à déceler les besoins d'une personne et lui devenir indispensable.

Au premier abord le film peut sembler assez classique dans sa construction, ce qu'il est, je l'admets. Quoiqu'au final, il ne l'est peut-être pas autant que l'on pourrait le croire. Le film s'ouvre sur une magnifique séquence vous présentant les deux personnages principaux par le biais d'un montage alterné des plus prenants, bien que présentant le topos emblématique du film d'espionnage, à savoir la rencontre nocturne, au fin fond d'un parc, entre un agent secret et sa taupe. Mais classicisme veut-il dire mauvais ? Certainement pas. Et Francis Lawrence nous le montre bien en nous offrant une mise en scène aux couleurs certes froides, mais néanmoins magnifique, relevée par certains plans des plus beaux.

Le scénario, s'il n'a l'air de rien nous offrir d'extraordinaire, nous enferme dès le début dans un thriller au suspens haletant nous offrant de belles surprises dont la conclusion des plus inattendues pour ma part. Le film est cru, froid, violent, séducteur. Il ne manque pas de choquer très rapidement les yeux du spectateur non averti du spectacle qui allait s'offrir à lui : viol, violence, torture, et violence psychologique. Les 2h20 ne paraissent pas durer plus longtemps que le battement d'ailes d'un moineau.

Le film repose, et est porté, par la remarquable prestation de la magnifique Jennifer Lawrence qui ne cesse de me charmer par son talent et sa beauté à chacun de ses films. Film où elle ne cesse d'occuper des rôles où sa performance se doit d'être parfaite sinon ils en souffriraient énormément, films où ses rôles ne cessent d'être attachés à une certaine violence. Red Sparrow est emporté par le duo initié par un certain Hunger Games. Ici Jennifer Lawrence incarne une jeune femme dont la vie a été brisée lors d'un "accident", une jeune femme qui après avoir été brisée psychologiquement, va devoir apprendre à être forte pour survivre. Survivre au milieu d'un monde sombre, d'un monde déshumanisant, ne lui laissant aucune place si ce n'est celle d'arme, d’appât sexuel. Si pour survivre le moineau doit évoluer en aigle, alors elle évoluera. Dans ce rôle Jennifer Lawrence montre ce qu'ont voulu voir les personnes s'étant acharnées sur elle après le scandale du Revenge Porn. Elle se livre corps et âme dans son rôle, nous dévoilant littéralement son corps, mais un corps d'une séduction glaciale à travers la réalisation de Francis Lawrence. Assez loin des critiques qui parlent de sexisme quant à son personnage.

Pour ce qui est des seconds rôles (Joel Edgerton, Jeremy Irons, Charlotte Rampling, Mary Louise Parker), ceux-ci sont également très bons, faisant preuves de prestations sans fautes et crédibles.

De plus, une excellente BO, signée James Newton Howard, accompagne ce thriller qui bouleversera et (ou) séduira le public. Ce qui est sûr c'est qu'il ne laissera personne de marbre.

Comme vous l'avez bien compris, Red Sparrow nous immerge dans une atmosphère qui saura vous séduire, étant bien plus mâture que la plupart des productions hollywoodiennes actuelles. Je regrette les critiques négatives de certains ne s'arrêtant qu'à l'aspect classique de l'oeuvre et ne prenant pas la peine d'aller chercher ce que le film cache derrière lui. Le film soulève également des questions d'ordres actuels en s'inscrivant dans un contexte d'une guerre froide qui aurait perduré de nos jours. En effet, il peut tout à fait être intéressant d'aborder cette possibilité, ce que fait ici Francis Lawrence. Certains en profiteront alors pour relever des incohérences pour rabaisser le film telles que le fameux cas des disquettes, mais si je ne m'abuse, de nos jours les services secrets utilisent de plus en plus des disquettes pour transporter des données confidentielles (c'est toutefois à vérifier).

Je vous invite donc très fortement à laisser une chance à Red Sparrow, il serait bête de rater un film que vous pourriez aimer non ? Et si ce n'est pas le cas, je doute néanmoins que vous passiez un mauvais moment.

Aleas, spectateur dissimulé au sein d'une représentation de ballet.

Aleas
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le 13 avr. 2018

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