Paradoxe temporel
Red Sparrow est un film qui ne laisse pas indifférent. Sur la forme, on peut saluer le financement d’un film de studio aussi violent, qui parle d’humiliation par le sexe, de torture, de meurtre...
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le 3 avr. 2018
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Red Sparrow est un film qui ne laisse pas indifférent. Sur la forme, on peut saluer le financement d’un film de studio aussi violent, qui parle d’humiliation par le sexe, de torture, de meurtre politique… à une époque où les films tendent à être de plus en plus aseptisés. D’autant que le résultat est loin d’être mauvais, la trame principale n’est pas trop mal écrite, jusqu’à une fin satisfaisante. Jennifer Lawrence campe plutôt bien son personnage, et surnage assez facilement au sein du casting. Mais, il n’empêche que le film souffre de beaucoup trop d’incohérences, dans le récit et aussi en dehors, pour faire l’unanimité. Faisons le point…
Un film de guerre froide 30 ans après la fin de la guerre froide, c’est quand même fort. Quitte à faire une création originale, on ne pouvait pas envisager autre chose ?
L’accent russe. Sérieusement, il faut arrêter avec ça. Les mecs, vous faîtes un film qui se passe en Russie, avec des personnages russes, pourquoi vous n’embauchez des acteurs russes pour faire un film en russe ? Bon ok, le propos est tellement anti-russe que vous auriez eu du mal à trouver du monde. Mais alors, assumez que vous faîtes une version anglaise (comme on fait des VF) sans rendre l’ensemble gênant avec des accents ridicules (surtout qu’en dehors de l’accent les russes parlent un anglais parfait…)
Les disquettes ? Des données confidentielles stockées sur des putains de disquettes en 2018 ? Avec un personnage qui va vérifier les disquettes sur son ordi portable… Mais quel ordi portable actuel lis encore les disquettes ? La plupart n’a même plus de lecteur CD !
L’entrainement pour devenir un « moineau » c’est bien, mais transformer ça en école de prostituées tueuses alors que le sexe perd beaucoup de son importance une fois la formation terminée, c’est étonnant. Il n’y a pas d’autre entraînement pour les agents secrets ? Physique, psychologique autre que l’humiliation sexuelle ? Aussi, c’est assez étonnant qu’un film qui donne une telle place au sexe propose ensuite une scène de sexe aussi pitoyable et absolument pas crédible.
Le message. Au fond, c’est ça qui dérange un peu. Des américains jouent des personnages russes pour faire un film anti-russe. Bon à la limite si c’était subtil ça passerait bien mais là c’est un peu gros, les personnages passent leur temps à « dire » au spectateur « regarde, je suis russe, tu as vu comme je suis méchant ? » alors que les quelques personnages américains passent pour des modèles de droiture :
Mention spéciale en matière de subtilité à J. Irons, qui vient lui-même annoncer être la taupe. Sa justification ? « Je vais sûrement mourir mais au moins ça sera pour la bonne cause. Les russes sont vraiment très très méchants et les américains très très gentils alors j’espère que quelqu’un pourra prendre ma place et donner les informations des méchants russes aux gentils américains ». Arrête ça tout de suite Jérémy c’est super embarrassant…
En résumé, c’est bien mais ça ne transpire pas les bonnes intentions non plus, ce qui rend difficile une appréciation complètement positive. En gros, c'est un film qui avait sa place au plus fort de la guerre froide mais beaucoup moins aujourd'hui... Il faut quand même saluer la démarche et espérer que plus de films avec ce ton pourront sortir des grands studios hollywoodiens.
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le 3 avr. 2018
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