Paradoxe temporel
Red Sparrow est un film qui ne laisse pas indifférent. Sur la forme, on peut saluer le financement d’un film de studio aussi violent, qui parle d’humiliation par le sexe, de torture, de meurtre...
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le 3 avr. 2018
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Ecole élémentaire des clichés, bonjour!
-Vodka? Présent !
-Toque en fourrure? Présent !
-Ballerine? Présent !
-Superbe blonde trop maquillée qui fait vaguement travailleuse de l'Est? Présent !
-Evocation de la Guerre Froide? Présent !
-Centre d'"éducation" glauque et impitoyable perdu au milieu de la neige? Présent !
-Mecs du gouvernement soviétiqu...pardon, russe, qui parlent anglais (on notera au passage l'incroyable vraisemblance de ce genre de détail; l'anglais est donc devenu une langue internationale dans le plus pur sens du terme) en rroulant les r, parce que quitte à faire dans le pas crédible...? Présent !
-Et sommet de cette assemblée déjà bien remplie, l'excellence faite cliché, histoire de parachever cette vision pour le moins...fine et surprenante, de la Russie moderne: un gentil oncle corrompu, portrait craché d'un certain Vladimir P., aussi bien pour le physique que pour les méthodes douteuses? Omniprésent !
Mentionnons également l'époustouflant retournement de situation en deuxième partie: l'héroïne change de camp ! Car l'héroïne a un cœur, elle est patriote et prend soin de sa famille, comment imaginer qu'elle resterait insensible au charme américain? Car les Américains, plus que quiconque, ont un cœur, sont patriotes et prennent soin de leur famille. C'était inévitable que l'Oncle Sam et la mortelle Dominika Erogovna (c'est son nom) finissent par aller ensemble. Ils étaient faits l'un pour l'autre.
Débroussaillons un peu l'idéologie très parti-pris de Red Sparrow et regardons ses qualités cinématographiques: chose surprenante, elles sont assez élevées. On a droit à des acteurs bouillonnants de charisme, à un scénario qui compense en rythme et en habileté ce qu'il perd en originalité et en complexité, à des scènes de violence assez réalistes (même si on sent la volonté de ne pas TROP choquer le spectateur, on essaye quand même de faire un film grand public) et, plus que tout, à un personnage féminin intéressant qui use de son corps et de ses charmes de manière autonome (elle est sujet sexuel, et non pas objet) sans complètement tomber dans le stéréotype de la putain vénéneuse; on s'attache à lui donner une profondeur, qui, bien que convenue, reste crédible tout du long (merci à Jennifer Lawrence, qui s'est investie corps et âme pour ce rôle, au propre comme au figuré). Le film lorgne certes beaucoup du côté du blockbuster un peu basique, mais il se laisse regarder sans déplaisir, et peut même prétendre au titre de divertissement de qualité. On regrette juste que le message qu'il nous susurre à l'oreille soit le suivant: la Guerre Froide n'est pas complètement finie...
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Créée
le 15 avr. 2018
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