Red State
6.1
Red State

Film de Kevin Smith (2011)

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Après s'être compromis dans de la grosse production pas très glorieuse avec Cop Out, notre cher ami Kevin Smith s'est livré un nouveau défi, sorte de retour aux sources, consistant à faire un bon film avec un budget ridicule, chose par laquelle il avait commencé, avec Clerks, et qui avait fait de lui notre idole. C'est d'ailleurs son plus petit budget depuis Chasing Amy, et non seulement de maigres moyens c'est dur à gérer pour une comédie sentimentale, mais ça l'est encore plus quand on veut faire un film d'action flirtant avec l'horreur/fantastique. Du coup, on se retrouve devant quelque chose de visuellement laid, affublé de décors pauvres et éclairages approximatifs. Néanmoins Smith arrive plutôt bien à diriger ses camarémans afin d'offrir quelques joyeuses poursuites dans des couloirs, de même que quelques plans plutôt bien choisis, tout en nous fournissant aussi ce que l'on est venu voir, un assaut avec de beaux headshots.
Annoncé comme un film d'horreur, ça n'en est absolument pas un, certes on a un peu de gore, mais on reste globalement dans l'esprit d'Assaut de John Carpenter, donc rien qui se rapproche réellement du genre. Si horreur il y a, elle n'est qu'humaine, celle dont sont capables les sectes d'illuminés comme seuls les Etats-Unis en ont engendré, aptes à kidnapper des gays pour ensuite les exécuter.
Smith écrit de façon violente, avec des mots crus, il filme de façon violente, ne laisse place à aucun manichéisme, tout le monde étant pourri, d'autres juste moins (même les enfants sont ignobles ici, et jubilent devant les exécutions).
Pour son métrage, le génie barbu de la comédie satirique s'est inspiré d'un autre génie — tout du moins quand il faisait de bons films —, Tarantino, structurant ses parties tout comme lui, avec de longues tirades baignées d'humour noir, de critique de société, et évidemment dotées d'une montée progressive de la pression, avant que finalement tout éclate de façon — relativement — imprévue. Pas la peine de citer Michael Parks, récurant des productions de la clique Tarantino/Rodriguez, qui tient lieu de gourou, ni même les inévitables morceaux de rockabilly, inhabituels au monsieur, mais placés là comme s'il voulait encore plus affirmer à quel auteur il fait référence.

Bref, Red State est un excellent retour du barbu dans le cinéma indépendant, ainsi qu'une entrée réussie dans le monde du thriller sanguinolent à base d'humour noir et de satire.
En 15 ans, Smith aura essayé plusieurs fois de faire entendre ses idées, principalement anti-religieuses et pro-gay, que ça soit par le biais de la comédie sentimentale avec Chasing Amy, ou la pochade un peu conne avec Dogma. Visiblement il semble hors de lui de constater que ses films n'auront eu que peu d'impact, que les Hommes soient devenus encore plus cons, et c'est dans un déchaînement de violence qu'il aura décidé de servir son troisième pamphlet, en combattant le mal par le mal.
Comme dit plus haut, tout n'est pas blanc ou noir, et Smith n'oubliera pas non plus de nous rappeler que les assauts sur ce genre de sectes tournent souvent au massacre, spécialité de l'ATF, comme ce fut le cas à Waco, ce qu'il réaffirmera avec une fin totalement dénuée d'espoir.
Autre chose qui fera plaisir, on en revient à des menaces plus crédibles, mettant de côté les groupes islamistes, afin de se concentrer sur la réalité des choses, aux States votre voisin a plus de chance d'être un monsieur tout le monde, blanc, et armé jusqu'aux dents, qu'un musulman avec de l'anthrax sous son lit. C'est d'ailleurs dans un soucis de crédibilité que Smith aura opté pour des personnages paraissants biens sous tous rapports plutôt que les habituels hillbillies ou rednecks clichés.
Hormis Parks, qui brille dans cette presque tête d'affiche, on n'oubliera pas non plus son adversaire, campé par un John Goodman extrêmement juste en responsable de l'assaut convaincu du bien fondé de son acte.
Certains ne louperont les apparitions d'une partie du casting de la série Breaking Bad, dont Anna Gunn (Skyler), ainsi que Matt L. Jones (Badger).
Pour conclure, les fans de Kevin Smith apprécieront toujours autant son humour particulier, bien que son penchant très noir risque d'en déstabiliser plus d'un. Son aspect immoral, dans la forme, sera évidemment à déconseiller à un public peu enclin à appréhender ce genre de sujet. Ceux qui pensaient avoir à faire à quelque chose de fantastique seront déçus, car ce fut à la base annoncé comme étant un film du genre. La faute en revient à un budget trop mince, qui aura empêché la véritable fin d'être tournée, consistant à faire arriver une armée d'anges du ciel, venus pour empaler le gourou.
Mention spéciale pour Kevin Smith, qui nous revient après une exode dans la médiocrité qui aura paru être sans fin, notamment à cause de son Cop Out ou ses apparitions dans Die Hard 4 et Fanboys. Bon retour parmi les tiens Kevin, on t'aime.
SlashersHouse
7
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le 8 sept. 2011

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