Putain de bordel de merde quelle photo !
Après cette phrase d'introduction outrancière mais nécessaire justifions ce beau 10. D'aucun diront que c'est mon aveuglement lorsqu'il s'agit de Huston qui joue, ne les écoutez pas. Nous ne reviendrons pas sur la qualité de la photo si ce n'est pour dire que ce superbe jaune doré ferait pâlir Wes Anderson de jalousie, et pourtant j'ai beaucoup d'affection pour ses jaunes.
Revenons d'abord sur le pitch : "Il y a un fort dans le Sud où voici quelques années un meurtre fut commis", c'est ce que nous dit l'incipit, mais peu importe le crime, dont on finit même par oublier qu'il va avoir lieu, l'important, c'est sa mise en place. Dans reflets dans un oeil d'or chaque personnage est archétypal, le premier est un militaire impuissant et ostensiblement homosexuel refoulé qui affirme sa virilité en essayant en toute occasion de faire preuve d'autorité, sur un homme, sur un cheval, et par la pratique de la musculation et l'admiration en conséquence de son corps dans la glace. Personnage joué par Marlon Brando, dont ma fierté masculine m'empêche de trop ajouter aux éloges faites à la fois sur sa plastique et sur son jeu d'acteur même si je n'en pense pas moins.
Marié à cet homme la femme émancipée par excellence, fille de bonne famille et par là même prétentieuse au possible, qui trompe et humilie son mari sans hésitations tout en feignant la naïveté. Personnage féminin joué par Elisabeth Taylor, que ma condition masculine m'oblige à encenser, pour son jeu d'actrice et pour sa plastique, amplement révélée lors d'un plan de dénudation de toute beauté.
Autour de ce couple déjà bien névrosé gravitent des personnages dont même Freud ne voudrait pas dans son cabinet, une dépressive qui entend des accidents, un militaire fétichiste qui fait de l'équitation tout nu, un domestique purement et simplement fou.
Mais ce que nous dit ce dernier, répondant au doux nom d'Anacleto, dans une scène mémorable de peinture à l'aquarelle, c'est que ce que nous voyons, tout en étant grotesque, reste un reflet du réel. Ainsi le grotesque comme la caricature est une simple exagération des traits. Du haut de notre égo surdimensionné, nous qui sommes des paons, nous regardons ce petit monde d'individus que nous trouvons tous plus pathétiques les uns que les autres (pathétiques au sens premier du terme). Mais la réalité c'est que Huston nous tend un miroir, déformant certes, mais qui n'en reste pas moins un miroir, c'est la dure vérité, nous sommes tous des névrosés, oui oui, même toi qui lit cette critique, surtout toi.