Après avoir terminé sa célèbre trilogie, Marcel Pagnol ne se relâche pas et lance simultanément deux productions : Le schpountz, dont il écrit le scénario et regain qui est adapté d'une œuvre de Jean Giono.
Regain sera une production titanesque, le réalisateur allant même jusqu'à faire construire un village pour avoir le niveau de rendu souhaité. La difficulté de mettre en image la beauté métaphorique des textes de Giono n’arrêteront pas le réalisateur, très proche du point de vue de l'auteur dans son amour de la nature et des paysages et le visuel sera magnifique, malgré quelques ratés du au travail trop intensif des jeux d'ombres. On notera aussi le choix d'un film plus calme, qui sait profiter de ses silences, alors que le cinéma de Pagnol est habituellement un cinéma de paroles et de discours.
Pagnol raconte la vie d'un petit village de montagne qui se meure à cause du vieillissement de sa population et de l'attrait de la ville. La force des choses, bien aidée par la dernière habitante du village, enverra à Panturle, dernier restant et héros de l'histoire, une fille perdue et traitée avec mépris par son patron, Arsule. L'histoire prend le temps de développer ses personnages, montre leurs relations et nous permet de nous attacher et d'avoir envie que leurs problèmes se règlent. Le mot qui le définit le mieux est harmonie. Harmonie de l'homme, harmonie avec la nature et dans le couple que forme Panturle et Arsule
Regain est un film d'une tendresse infinie, qui ne laisse pas indifférent et compense de loin ses petits faux pas par sa grandeur d'âme et la beauté de son scénario et de sa réalisation.