Dès son premier film, le style de Jacques Audiard est déjà là ; sous forte influence anglo-saxonne (tiré d'un roman américain), avec la présence à la musique d'Alexandre Desplat, et un univers plutôt masculin.
En somme l'histoire de trois destinées ; un homme sans repères ni attaches qui traque un vieil arnaqueur, accompagné d'une sorte de disciple maladroit, car il veut se venger de la mort de son ami. Le film se repose beaucoup sur son ambiance, qui donne l'impression qu'il ne fait jamais beau, ou que les scènes se passent de nuit.
Ça donne l'impression de voir quelque chose de très différent du cinéma français des années 90 ; on pourrait même le rapprocher des polars des années 50, voire du Film Noir dans cet univers souvent sombre.
Mais ce qui impressionne surtout dans ce premier film, c'est l'impression de de maitrise qu'il s'en dégage, avec des acteurs tous formidables, qui portent en eux un certain poids. Celui de Trintignant, qui joue le vieil arnaqueur, est de transmettre son savoir à Mathie Kassovitz, qui parait plus stupide qu'autre chose. Quand à Jean Yanne, c'est la souffrance de ne pas avoir pu encore trouver l'assassin de son ami policier, et dont son enquête, en marge de l'investigation officielle, va mener à un face-à-face très fort, à base de claquement de doigts...
Le succès du film va emmener Jaques Audiard à aller encore plus loin, mais pour un début, c'est très fort !