Très bonne surprise que ce film de début de carrière de Raoul Walsh qui malgré son grand âge (1915 tout de même) surprend par sa singularité.
Singularité du lieu d'abord puisque le drame romantique que le film met en place se déploie au sein d'une institution d'aide sociale dans un quartier populaire (ce que de mémoire je n'ai jamais vu dans un film américain) ce qui lui donne des atours de film communiste, certes trompeurs (son fondement idéologique étant clairement la charité chrétienne), mais très rafraîchissant.
Il faut dire que Walsh se donne à fond dans la description de son microcosme urbain. Des gamins qui jouent aux vieillards qui boitent, du cabaret à la bagarre de rue; l'avalanche de figurants et le goût du cinéaste pour les portraits de marginaux (qui prépare le terrain à Tod Browning) donnent une densité émotionnelle et corporelle à un réalisme social qui déborde d'humanité (presque littéralement dans son set-piece inouï de balade en bateau blindé de monde qui finit, suite à un incendie, à recracher un à un ses occupants dans la mer).
Rien que pour cette séquence le film vaut le coup d'être vu.
On regrettera seulement la mise en rails dans son dernier tiers d'un mélodrame sacrificiel pas des plus finauds (mais pas honteux non plus hein), mais cela ne suffit pas à ternir son éclat.
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