1
Alejandro Amenábar est juste la version blague de Pedro Almodovar. A un moment donné c'est comme si moi demain je m'appelle Jean-Luc Messon, ça n'a aucun putain de sens. Je mets 6 parce qu'il a fait Les autres, donc ce n'est pas totalement un imposteur. Après, Marion Cotillard a fait La Môme, quoi. J'ai rien dit, hein, c'est juste une petite digression, pas de rapport apparent...
2
Je me laisse avoir par la photographie bleutée-émeraude en mode clair-obscur, un truc Agoresque, un truc propre à son cinéma, alors que ça ne doit pas être un argument puisque j'ai absolument détesté Enter the void de Gaspar Noé qui possède aussi une merveilleuse photographie, il faut arrêter d'avoir les gens avec une photo aussi travaillée, franchement Denis Villeneuve arrive à s'en servir sans en être prisonnier. Blague de cinéphile.
3
La fin. Je ne vais pas commencer à gameofthroner, mais on la voit venir à partir du premier tiers. Et bordel de dieu, même moi qui ne voit rien venir sur Fight Club ou Shutter Island, ici j'étais intimement persuadé de la finalité. C'est tellement, mais tellement prévisible, et c'est dommage car sincèrement c'est mal amené. Les éléments se recoupent facilement. Ca ne sert foutrement à rien d'en parler de toute manière, ceux qui n'ont pas vu le film en auront rien à faire et ceux qui l'ont vu se diront mais Evy, tu ne vas pas au fond des choses. Oh, si, crois-moi.
Lourd.
4
Sur ma vie, Emma Watson ne joue pas bien. Ne me tombez pas dessus les mecs, moi aussi j'adore Hermione Granger, moi aussi j'adore sa robe de bal quand elle a 14 piges avec Krum, moi aussi j'adore sa sortie de voiture avec la minette débraillée, mais à un moment donné parlons peu parlons bien. Les plus taquins diront même que c'est la seule à être en régression dans ce film. Une fille comme Juno Temple aurait tellement, mais tellement tout défoncé dans un rôle sur-mesure à la Killer Joe. Emma Watson est trop juste, bien trop scolaire, ses mouvements sont trop calculés, ses intonations aussi, elle ne dégage pas quelque chose qui eut été très important dans ce film : l'incertitude. Elle reste souvent stoïque, ne partageant son émotion que par le biais de ses pleurs dont ils ne doivent rien à son talent d'actrice. Le côté fragile psychologiquement qui peut receler bien plus qu'une simple jeune femme blessée, au moins dans le dernier tiers, n'existe que par le scénario en lui-même, pas par la prestation. Emma Watson, je suis sincèrement navré, mais c'est tellement décevant. Même Mélanie Laurent c'est presque mieux. J'ai dit presque, les mecs.
5
La poitrine de Emma Watson. Ou ses jambes, ou fais péter un bout de bras, je sais pas, pourquoi tu n'es pas un objet de désir comme beaucoup de rôles dans notre cher cinéma moderne et féministe ? Pourquoi tu prends des rôles où tu te respectes ? Tu es tellement rabat-joie, tu ne penses pas aux gens qui fantasment sur toi depuis Harry Potter 3 et ton petit haut violet.
(Comme je ne veux pas aller en prison, j'annule cette phrase et je pars sur du Harry Potter 7.)
6
Il y a plein de retournements de situations. Le spectateur est pas mal perdu, il y a des trouvailles de l'ordre du détail qui sont absolument géniales (une réplique avec le verbe voir, où le personnage de Ethan Hawke à travers la caméra voit flou puis parfaitement clair, ce plan fugace est bien pensé), le réalisateur m'a eu à un moment donné où je me disais que le film était, outre la caution esthétique, un sacré navet. Je me suis mis à avoir de la tendresse pour les aléas alambiqués du scénario et les pérégrinations intérieures du personnage principal.
7
Ethan Hawke, je n'ai rien contre lui, et il joue très bien l'incrédule qui devient crédule pour redevenir incrédule. Ca transparaît sur son visage, sur l’ascenseur émotionnel qu'il utilise. Mais mince, vous n'auriez pas trouvé le film (et donc le personnage) beaucoup plus pertinent avec un gus comme Benicio Del Toro, voire Josh Brolin ? (voir carrément refaire le casting de Sicario) Des mecs impassibles, insondables, qui au-delà de leur réplique gardent pour eux une part de questionnement qui n'est pas donnée au spectateur. Dans Regression, le réalisateur veut perdre son audience mais explique toujours tout, si ce n'est la trame principale (devinée donc assez vite pour ma part).
8
La panoplie du parfait petit thriller fantastico-religio-épouvantesque (le truc le plus dénué de sens au monde, d'ailleurs ce genre n'existe pas donc il ne peut y avoir de panoplie, c'est à dire de cliché, donc putain on annule ce numéro 8.)
9
Dans Les Autres, outre l'extraordinaire, spectaculaire, fabuleuse, somptueuse (ok elle est juste magnifique (magnifiquement refaite, c'est très drôle ça)) Nicole Kidman, tous les axes techniques et scénaristiques sont axés pour "promouvoir la fin" de manière exemplaire et surtout naturelle. Les Autres bénéficie d'une maîtrise totale de la première à la dernière minute, où à aucun moment le spectateur ne doute des mécanismes du film (peut-être de la fin, mais jamais du moyen pour y parvenir). Dans Regression, les rebondissements et/ou indices disséminés dans le film sont maladroits voire scandaleux (le miaulement du chat que l'on entend vingt fois, pour finalement s’apercevoir que ô magie, il est un élément déclencheur d'une des scènes, même Christopher Nolan a dit que c'était abusé d'utiliser autant les détails), la frontière pour le spectateur entre le rêve et la réalité n'existe pas ou peu, ce qui est tout de même un bon point, car il est à l'image de la trame principale.
10
Les scènes de rituels ne sont pas loin d'être cataclysmiques, dans le sens sataniste du terme bordel, on est entre le remake de Eyes Wide Shut par une première cinéma et la suite de V/H/S/2 mais sans l'immersion horrifique. Oui parce que c'est aussi la grande volonté de Alejandro, de détruire tout le potentiel psycho-horrifique de ses scènes en y insufflant des voix off, de la musique retentissante, un effet cauchemardesque à chaque fois. Je te donne un petit conseil, tu en fais ce que tu veux, la peur vient du silence, de la situation dite "normale" qui s'envenime petit à petit pour faire apparaître un malaise chez le spectateur. Donc c'est bien d'avoir ton idée de fin avant même d'écrire ton scénario, mais c'est aussi super cool de le mettre en scène correctement pour ne pas tout foutre en l'air. Tu ne te souviens pas de la scène de la grand-mère dans Les Autres, tu dois t'en souvenir car tu as dû te retaper cent fois Shining pour t'en inspirer.
Bref, j'ai mis 6, comme un putain d'abruti, mais l'ost est vraiment pas mal, elle plane au-dessus du film qui ne restera malheureusement qu'un éternel potentiel.