Deux ans après Made in Bangladesh, Rehana Maryam Noor est un nouvel exemple de la capacité du cinéma bangladais, denrée rare s'il en est, à décrire la réalité sociale d'un pays si mal connu, si ce n'est pour son extrême pauvreté et sa réputation "d'usine textile du monde." Le film, réalisé par Abdullah Mohammad Saad, est un objet surprenant, qui demande un temps d'adaptation avec ses filtres bleus, ses ellipses et son ambiance oppressante de huis-clos, dans un hôpital de Dacca où enseigne Rehana. Ce portrait de veuve farouche et volontaire, constamment en colère, entend symboliser à lui seul la culture du viol et plus largement a toute-puissance du patriarcat, et ce dès l'école, au Bangladesh. Le discours militant et féministe du film, évident, pourrait sembler sans nuances s'il n'était contrebalancé par la rigidité psychologique de son personnage principal, finalement enfermée dans son désir d'intégrité morale, quitte à blesser ses proches, y compris sa fillette. La dernière scène de Rehina Maryam Noor, d'une grande cruauté, montre aussi que la pureté du combat de son héroïne est aussi une épreuve qui, faute de compromis, provoque des conséquences néfastes. Dans le rôle titre, Azmeri Haque Badhon est remarquable, quasiment de tous les plans. Elle fait partie de ces personnages de femmes courageuses et têtues jusqu'à l'aveuglement que les frères Dardenne auraient aimé filmer s'ils étaient nés quelque part du côté du Golfe du Bengale.

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le 12 avr. 2022

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