Quelque part aux états-unis, un touriste s'adonne à sa passion pour la photographie au bord d'une plage paisible. Son objectif passe des coquillages aux algues et s'attarde sur une pin-up mamelue alanguie à 3 mètres de là. Le type pense avoir décroché le gros lot quand la sirène propose d'enlever le haut, histoire de pimenter l'album photos des vacances. Je ne dévoile pas la suite, mais il aurait mieux fait d'opter pour la montagne pour les vacances.
Réincarnations, est un bon petit film horrifique qui souffre d'un choix de casting malheureux concernant le héros (James Farentino). Ce tâcheron ruine des moments importants du film par un sur-jeu horripilant. Il trimbale un air niais du début à la fin et tient absolument à faire basculer le film dans la catégorie film d'horreur cheap dans ses rares moments de rage. Sa prestation désolante rivalise avec celle de Billy Warlock dans Society.
Bref, il est aussi mauvais que Melody Anderson est charmante. J'avais complètement oublié cette actrice liée à jamais à la série Manimal (gros trauma d'enfance en ce qui me concerne, les effets spéciaux des 80's commençaient à être incroyablement réalistes et j'étais une véritable mauviette, jugez moi, mais vous jugerez un enfant de 5 ans bande de lâches ! Fin de l'introspection.)
Sous ses allures de série B limitée, Réincarnations réussit à créer une ambiance paranoïaque assez efficace. On suspecte naturellement tous les blédards de faire partie du complot qui vise à éliminer tous les étrangers ou touristes qui transitent dans cette ville côtière reculée. La peur des locaux, surtout d'apparence inoffensive est un truc assez intéressant, je trouve. Ce n'est pas Ari Aster qui va dire le contraire.
Et le fait que chaque meurtre soit accompagné d'une foule d'appareils photo et de caméras créait un petit effet sur le spectateur de 2023. Je ne vais pas jusqu'à dire que cette idée est prophétique ou qu'il s'agit d'une mise en garde, ça serait exagéré. En revanche, pour l'époque, cette idée d'une foule agressive qui filme des actes de barbarie d'une violence inouïe était une vision cauchemardesque ne pouvant exister que sur une pellicule de slasher. Une vision asphyxiante à l'époque, qui est devenue une chose tristement banale dans la nôtre. On peut se dire que j'exagère, mais il suffit de se pincer le nez et de passer 20 minutes sur les réseaux sociaux (TikTok, Twitter , Youtube etc...) pour découvrir des vidéos d'agressions de mamie, de bizutage à l'école, de vols violents et même de décapitations pour s'en convaincre avec beaucoup de dégoût : oui des gens éprouvent le besoin de partager les horreurs qui se produisent sous leurs yeux. Ce n'est probablement un hasard, mais Charlie Brooker a eu la même idée dans un épisode de Black Mirror (White rabbit), où une foule pourchasse une jeune femme avec des téléphones portables.
Au rayon des emprunts assumés, je vois bien aussi qu'Edgar Wright s'est fortement inspiré de ce Dead and buried (titre original bien plus malin.) afin de construire pas moins de deux films à partir de ce truc. Il est facile de déceler dans Dernier pub avant la fin du monde un côté remplacement discret d'une population - ici les revenants sont ensorcelés par le vaudou alors que dans le Wright c'est une menace alien qui prend possession des habitants. Et Hot fuzz qui met en avant des meurtres horribles perpétrés par les habitants d'une bourgade de carte postale.
Réincarnations est sans prétention, il bénéficie d'un bon rythme et d'une fin bien troussée comme certains petits sketchs en vogue à l'époque façon 4e dimension ou les contes de la crypte. Faut-il pour autant lui décerner un statut culte ? Je n'en sais rien, il faut en revanche beaucoup mieux que quantité de films du genre (au hasard 78% de la filmo de Romero).