Dès ses premières secondes, Reminiscence se viande la tête la première dans une fange épaisse de clichés et de poncifs éculés... Le fameux plan qui démarre sur la mer pour redresser la caméra et montrer la ville, la voix off monocorde et détachée qui impose une batterie impressionnante de lieux-communs en un minimum de temps, le héros que l'on présente marchant droit vers la caméra pour ensuite inexplicablement tourner à droite parce que ça rend bien... L'accueil est percutant, ça sent fort le crottin, direct.
Pour le reste, le film ne déçoit pas : tout est au niveau de cet incipit. Il ne se dégage pas du métrage une seule idée originale, les acteurs se débattent vaille que vaille avec leurs rôles pas écrits pour un sou, l'absence de talent est manifeste à chaque instant.
Ça pourrait en faire un nanar estival de SF décomplexée, mais il y a un gros "mais"...
80% de cette purge horrifique est directement pompée sur le chef d'œuvre intemporel de Kathryn Bigelow, Strange Days.
On a un héros blessé par son passé qui vivote d'une technologie illégale, liée aux souvenirs/experiences humaines. Il est amoureux d'une fille qui chante bien dans une petite robe dorée, et il va passer le plus clair de son temps à vouloir la sauver... aussi bien d'elle-même que d'un type louche qui la détient. Heureusement, le héros est accompagné d'une black bad-ass qui n'a pas son égale dans un gunfight, et qui elle aussi cherche désespérément à le protéger de lui-même. A un moment elle est même obligée d'utiliser la technologie en question pour avoir un flash-back... Le tout dans un contexte social explosif, avec des émeutes et tout.
J'ai passé les deux pires heures de l'année devant ce gros tas de merde. Pomper odieusement l'un des meilleurs films des années 90 pour en faire un pensum aussi stupide et exempt de toute trace de divertissement, c'est criminel. Les scènes d'action sont rares et ridicules, l'enquête piétine et revient sans cesse sur ses pas, la faute à un dispositif narratif de flash-backs enchevêtrés qui plombent l'ambiance. Chaque ligne de dialogue est inepte et je plains de tout mon cœur l'ensemble du casting d'avoir eu à participer à cet affront.
A un moment, fatalement, une émeute éclate... L'émeute, c'est deux rangées de vingt personnes qui agitent les bras en signe de mécontentement. (Rires)
Assurément, la relève est assurée, le fleuron de la mise-en-scène moderne est là. Lisa Joy, un oscar allez hop !