Renaissances est intéressant à plus d'un titre.
Parce qu'il fait revivre les réalisations des années 80/90 dans leur efficacité, leur solidité, leur classicisme à toute épreuve, leur simplicité. et surtout leur sincérité.
Parce qu'il évoque La Quatrième Dimension, où une Personne au Deux Personnes, Témoin du Mal, fait Volte/Face, quand il "Total Recall", contre celui qui l'a créé et permis de vivre une seconde vie, volée, arrachée.
Parce qu'il ne sacrifie pas l'émotion, bien réelle dans ses conséquences, quand un mari et un père fantôme refait surface et qu'il ne peut expliquer qui il est. Qui cherche autant à s'excuser qu'à rattraper le temps perdu pour le compte d'un autre. Un autre qu'il peut redevenir s'il s'abandonne et accepte sa condition mortelle.
Parce qu'il parle d'identité, via le transfert de la conscience de cette vieille ganache de Ben Kingsley, cancéreux aux portes de la mort, dans un corps plus jeune, celui de Ryan Reynolds, corps qu'on fait passer, au début de l'aventure, pour développé in vitro. Mais quand des images éparses d'un trauma moyen oriental et d'un bonheur enfui l'assaillent, comme des débris de verre qui s'insinuent dans des blessures, le mensonge éclate. Surtout lorsqu'il sort de la bouche d'un Matthew Goode aussi froid qu'un serpent, comme son personnage de Stoker ou de Watchmen.
Parce qu'il est réalisé par Tarsem Singh. Habité par la conscience d'un autre réalisateur. Et que la thématique de la personnalité prend ainsi tout son sens, puisqu'il l'épouse peut être de manière inconsciente. Parce qu'il s'efface derrière le projet et les moments d'émotions qui s'en dégagent. Loin de son imaginaire développé dans The Cell, ou de sa vision baroque déployée dans Les Immortels, The Fall, ou même Blanche Neige. Parce qu'il laisse de côté le potentiel schizophrène de son histoire où il aurait pu donner libre cours à son imagerie. Sa personnalité artistique est comme étranglée, comme la conscience dont Ben Kingsley a investi le corps, et qu'elle ne s'exprime que par hoquets, que par convulsions. Par un plan, une idée de mise en scène où l'image d'un reflet qui se déforme.
Mais s'il est peut être parfois un peu impersonnel, Renaissances s'avère sincère et intègre dans le spectacle qu'il offre, ainsi que dans ses thématiques liées à la médecine à deux vitesses, (l'absence de) l'éthique et l'acceptation du deuil. Ce n'est pas la moindre de ses qualités, en plus d'offrir un revival bienvenu des séries B à l'ancienne.
Behind_the_Mask, qui se demande s'il y a quelqu'un d'autre dans sa tête.